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Second enchaînement
(les fausses révélations)

L'esprit convoqué par les apprenti-spirites et qui infeste le verre, répond n'importe quoi - mais non pas n'importe comment! - aux questions posées par les participants. Comme nous venons de le voir, à la question: "Qui es-tu?", le démon décline une fausse identité. Ensuite, pour brouiller les pistes de nos références chrétiennes, les mauvais esprits se font les porte paroles de l'au-delà.

"Rosemonde obsédait Luce de questions sur sa vie terrestre si brève, et sur son état présent "(Anatole France, Vie en Fleur, XXIX). Quelles peuvent être les questions que l'on soumet à l'esprit présent? Chacun des participants, à l'exemple de Rosemonde, harcèle le démon imposteur de questions: "L'âme attend quoi? Est-elle retenue en ce monde? Empêchée de se réincarner? Refoulée dans un espace d'où elle cherche à s'échapper?"

C'est autour de ces questions qui détournent les apprenti-spirites du sens de la foi chrétienne que l'on retrouve les grands thèmes des théories spirites d"'Allan Kardec". Si je place entre guillemets le nom d"'Allan Kardec", c'est pour les mêmes raisons que nous avons vues précédemment: Cf. les fausses identités. Car "qui profère des mensonges est un imposteur" (Les Proverbes, 14.25). En effet, "Allan Kardec" serait le nom d'un barde celtique (ou d'un druide, les sources varient) que Rivail aurait été lors d'une vie antérieure, et dont il aurait eu révélation au cours d'une séance de spiritisme. Parmi nos contemporains, des cas célèbres de pareils délires foisonnent: Paco Rabanne, le fameux couturier, n'a-t-il pas déclaré à la télévision avoir été "Grand-Prêtre" sous le Pharaon Ramsès II!

On passe ainsi de la fausse identité d'un démon à la fausse identité dont s'affuble un homme persuadé d'avoir eu d'autres vies! On trouve ici le lien dans lequel se tiennent étroitement la réincarnation - car c'est bien de cela dont il s'agit - et ce que nous avons dit au sujet des fausses identités. L'enchaînement suit une rigoureuse interpénétration des différentes données spirites. Nous avons là un schéma d'implications tout à fait repérables:

1/ croyance en une fausse identité (imposture du démon qui se fait passer pour quelqu'un d'autre) - c'est le premier enchaînement.

2/ croyance à la réincarnation (adoption d'une autre identité par un apprenti-spirite) - c'est le second enchaînement.

3/ perte d'identité (on ne sait plus trop qui l'on est, l'un ou l'autre personnage?!) – cf. le sixième enchaînement sur la schizophrénie.

Le point clé des fausses révélations apparaît clairement être la question de la réincarnation.

Voyons cela dans le détail: Selon "Kardec", l'échelle spirite (c'est à dire la hiérarchie des esprits chez les humains) comporte trois catégories: ce sont les esprits imparfaits, les esprits bons et les purs. L'esprit est compris comme étant la réalité de l'homme qui, ayant perdu son enveloppe charnelle (son corps), garde cependant une forme éthérée, appelée le "périsprit". Ce "périsprit" se compose d'une matière subtile porteuse de fluide vital. Aussi, le corps n'étant qu'une enveloppe périssable et méprisable, d'innombrables incarnations (donc des ré-incarnations) devraient permettre d'atteindre la perfection finale. Ainsi, aux dires de la doctrine "kardéciste", en accédant à de nouvelles étapes de son développement, l'esprit se purifie jusqu'à être libéré de toute corporéité. L'homme se présente donc comme le maître de son devenir sans autre secours que son propre progrès (indifféremment orienté vers le bien être). On voit par là que l'homme peut-être justifié par lui-même. Il n'existe donc que ce monde, où l'homme peut réaliser pleinement la vocation de son être: "Le spiritisme pose en dogme l'amélioration fatale de notre espèce. La terre un jour deviendra le ciel" (Gustave Flaubert, Bouvard et Pécuchet, ch. VIII). Il suffit à l'homme d'aller dans le sens de la création, en se laissant recréer au rythme des réincarnations successives qu'il subit, jusqu'à entrer en sa perfection finale (niveau des esprits purs selon la hiérarchie de "Kardec"). L'homme n'a plus besoin de Dieu, ou tout au moins nomme-t-on Dieu, l'état de perfection auquel on prétend parvenir par ses propres efforts. On conviendra ici de l'influence de la philosophie de Hegel; entre autre avec la théodicée de l'esprit: esprit qui finit par atteindre le savoir absolu (voir en cela, le dernier chapitre de La phénoménologie de l'esprit, -1806-).

A ce compte là, le sacrifice du Christ est rendu vain et les sacrements de Son Église devenus inutiles! Pour finir, l'homme fusionne dans le Grand Tout (mais peut-on encore parler d'homme lorsque toute expression de son identité humaine a disparu?). C'est la fusion cosmique; autant dire la dissolution de l'être dans un espace ayant pour finalité de tout recouvrir, de tout absorber. Ce cosmos apparaît comme une sorte de magma aussi vide qu'infini, où rien ne se distingue de rien! Quelle vision joyeuse de l'avenir de l'homme?!

On trouve ici un autre schéma d'implications qui, 1/ allant de la croyance à la réincarnation 2/ pour aboutir à une théorie de l'amélioration de la condition humaine (soit disant réalisée dans la "fusion cosmique"), 3/ condamne l'homme à perdre son identité propre, l'intégrité de sa personne (cf. le sixième enchaînement sur la question de la perte d'identité).

On touche ici à deux excès, néfastes pour notre santé mentale, à savoir d'un côté l'illuminisme (je plane dans les étoiles) et de l'autre le nihilisme (je me rengorge de non-sens). Car de "la fusion dans le Tout" à la disparition du tout, il n'y à rien de moins que plus rien. Il n'y a donc là aucune différence, à cette nuance prés que la vision illuministe (celle de la fusion dans le Tout) se donne un caractère pseudo-mystique. En fin de course (celle des réincarnations), tout être assiste, impuissant, à son anéantissement. Quel pieds?!

Avec l'exposé des implications propres à ce second enchaînement (les fausses révélations) nous venons de franchir une nouvelle étape dans la mise en évidence de la manière dont usent les démons pour manipuler la pensée des hommes - par l'intermédiaire des hommes eux-mêmes. A mesure que la dissimulation démoniaque s'étend, le poison est d'autant mieux distillé qu'il se propage désormais directement par les seuls soins des hommes. Qu'on en reste cependant convaincu, le fond du propos d"'Allan Kardec", ainsi que toutes ses réactualisations jusqu'à nos jours, sont d'inspiration diabolique; des démons ne lui ont-ils pas, par la pratique du spiritisme, "révélé" sa doctrine, ou plus précisément, ne lui ont-ils pas suggéré des recherches en dehors d'une saine théologie chrétienne?

"De même que l'homme reçoit une aide pour voir les formes imaginaires, de même son esprit est aidé pour pouvoir les connaître (par le pouvoir évocateur de musiques, de lectures, de paroles et d'images ou bien encore par le souvenir des vecteurs précédents). Or le démon, en aidant la puissance imaginative, la pousse à avoir une vision imaginative. Donc en aidant l'esprit (de l'homme), il le pousse à connaître quelque chose" (Saint Thomas d'Aquin, De Malo, Q.XVI, a. 12). Ce pouvoir d'exciter notre imagination, "les démons l'ordonnent au mal de l'homme, soit en ce qui concerne l'attrait du péché, dans la mesure ou l'homme est poussé à l'orgueil (Paco Rabanne croit avoir été "Grand-Prêtre" sous Ramsès II), ou à quelque autre péché par ce qu'il connaît (cf. le troisième enchaînement sur l'acédie), soit pour empêcher l'intelligence même de la vérité, dans la mesure ou par la connaissance de certaines choses (par exemple si l'on est persuadé à tort d'avoir eu une vie antérieure), l'homme est amené à douter sans pouvoir résoudre son doute (par manque d'une bonne connaissance de la foi catholique), et est ainsi conduit à l'erreur (il en arrive à faire sienne toute la doctrine sur la réincarnation!)" (De Malo, Q.XVI, a. 12, réponse).

Mais pourquoi tant de nos contemporains croient-ils à la réincarnation?

Psychologiquement, beaucoup de gens trouvent leur vie présente décevante et sont de la sorte disposés à croire qu'ils en ont eu d'antérieures brillantes et fameuses; ils furent riches, célèbres, estimés et puissants. De plus, en cela, rien n'empêche selon eux, qu'ils aient des vies nouvelles aussi exaltantes que celles imaginées dans le passé. Il n'y aurait vraiment que le présent pour être décevant. La réincarnation flatte leur orgueil.

A cela, ajoutons que nous vivons dans une société qui, parce qu'impudique, méprise le corps: avec la réincarnation, le corps n'apparaît plus que comme un désagrément passager dont on pense un jour ne plus avoir à supporter la présence au monde (c'est la fumeuse "fusion cosmique").

Il faudrait dire aussi qu'aujourd'hui les gens désirent faire le plus grand nombre d'expériences possibles. A ce tarif, la réincarnation offrirait ainsi, suivant cette logique consumériste, un très large éventail de choix de vies. Mais il faut en convenir, une telle vision des choses s'explique par les frustrations entretenues chez les personnes concernées. Celui qui sait reconnaître la pleine originalité de son existence dans ce qu'elle a d'unique, n'ira pas s'inventer d'autres vies.

Enfin - et c'est là le plus inquiétant - dans nos sociétés à haut développement technologique, par le moyen de vecteurs visuels de plus en plus sophistiqués, on en est arrivé à ne plus pouvoir distinguer aisément dans le champs de nos perceptions entre ce qui relève de la réalité et ce qui procède de la virtualité: pour n'en n'être pas moins réelle, l'image d'un coucher de soleil à la télévision ne peut cependant pas prétendre à l'authenticité matérielle du phénomène naturel (le soleil n'est pas dans le téléviseur mais une représentation de celui-ci est donnée sur l'écran). Cependant, à titre d'exemple de confusion entre la réalité du phénomène et sa représentation, citons les propos échangés entre des jeunes de classe de terminale et un prêtre diocésain sur le thème des OVNI, d'après un sujet de "Mystères", la populaire émission de TF1:

"L'un des jeunes me dit alors:

- Mais non, ce n 'est pas vrai. C'est une émission très sérieuse et je la regarde régulièrement. La dernière fois, on a même vu un OVNI

- Ah! bon, tu as vu un ovni à la télévision? rétorque le prêtre.

- Oui, et même que c'étaient des gendarmes belges qui l'avaient vu.

- Mais, dis-moi, ce que tu as vu sur l'écran, c'était un OVNI ou un OVI?

- Un quoi?

- Un OVI, un objet volant identifié.

- On a vu un ovni, celui que les gendarmes belges ont aperçu.

- Attends, réfléchis: ce que tu as vu sur l'écran ce n'était pas l'ovni que les belges ont vu, ils ne l'ont pas filmé. Tu as vu une soucoupe volante construite par les gens de la télé. Et cet objet que tu as vu; il est identifié, puisqu'il a été fabriqué et truqué pour le film.

- Mais non, je vous assure, on a vu l'ovni..."

Ce à quoi le prêtre conclu que "les professeurs de lycées ont beaucoup de travail en perspective. Si des élèves de terminale ont si peu d'esprit critique devant la télé, il y a vraiment péril en la demeure" (Père Hippolyte Simon, La Croix du samedi 15 janvier 1994).

Nous sommes donc soumis à un environnement ou l'image domine et où la distinction entre le réel en tant que phénomène et la réalité de sa représentation (qui, bien que réelle, n'est pas la réalité du phénomène) est de plus en plus difficile à rétablir. Cela devrait réclamer une indispensable éducation de l'image chez les jeunes. Mais force est de reconnaître que cet enseignement n'existe pas au niveau de l'école dans notre pays. Aussi, faute de repères révélateurs de ce qu'est la réalité première d'une information donnée, on peut en arriver à recomposer sa vision de la réalité à partir d'éléments imaginaires On obtient alors la matière d'un catalogue d'existences fictives, superposables à l'histoire de sa vie présente.

Pour illustrer ce propos, prenons l'exemple de l'univers du rêve: le contenu des rêves que nous faisons lorsque nous dormons, n'a pas la même valeur que la réalité que nous vivons lorsque nous sommes éveillés. Et la qualité "fictives" de nos rêves nous est dévoilée lorsque nous nous réveillons. Notre état de veille est ainsi la garantie qui nous est donnée que nous ne rêvons pas! Ceci étant acquis, voyons comment le contenu de nos rêves peut-être mensongèrement interprété. En effet, si nous considérons dorénavant que les rêves contiennent le "film" de nos vies antérieures, nous tombons dans le piège des jeunes en face de l'OVNI de l'émission "Mystères", qui n'était en fait qu'un OVI. Nous confondons alors la réalité du phénomène vécu à l'état de veille et sa représentation onirique tandis que nous dormions. Par exemple, si avant d'aller me coucher, j'ai vu à la télé une émission sur l'histoire de Ramsès II, et que je recompose durant mon sommeil un "film", au regard duquel je me retrouve à l'époque de l'Egypte antique dans la peau d'un "Grand-Prêtre", ce n'est pas pour cela que le lendemain matin, au réveil, je devrais être convaincu d'avoir découvert, à travers le souvenir de ce rêve, le secret d'une vie antérieure où j'aurais été "Grand-Prêtre" sous Ramsès II!

La croyance en des vies antérieures s'inscrit ici dans un défaut d'interprétation entre la réalité originelle d'une information et la valeur à accorder à ses diverses traductions imaginaires ultérieures (dont fait partie le monde du rêve). Ainsi, le mélange du réel avec l'imaginaire débouche-t-il sur une nouvelle approche du sens de sa vie: "Soudain, un autre monde est possible que celui que je peux toucher. En développant son côté créatif, en pensant le possible, il me semble que l'on développe sa capacité à croire" (Père Pierre Babin, cité dans La Croix du 14 février 1994). Mais à croire à quoi? Le spirituel devient à son tour la proie du virtuel, car "peu à peu vient l'idée que vivre pleinement, c'est mélanger le réel et l'imaginaire" (Père Pierre Babin, idem). Et le Père Hippolyte Simon sonne l'alarme: "Il va être urgent de décrypter les images. Il va être urgent de réfléchir à la distinction qu'il convient de faire entre le spirituel authentique et le merveilleux frelaté" (La Croix, 15 janvier 1994).

A quoi s'oppose par conséquent la croyance à la réincarnation?

Au corps même de la foi chrétienne, à savoir l'incarnation et la résurrection de Jésus-Christ notre Sauveur.

Mise en lumière

- Incarnation et liberté:

Non, les âmes ne transmigrent pas de corps en corps: "Le Seigneur a parfaitement enseigné que les âmes demeurent sans passer dans d'autres corps" (Saint Irénée de Lyon, Adversus Haereses, Livre II, 34.1). Nous n'avons qu'une seule incarnation et c'est bien suffisant pour éprouver toute l'étendue de notre liberté humaine. Une seule vie terrestre dans un unique corps revêt une valeur inestimable. Dès à présent, nous sommes rendus capables de faire un choix libre quant à notre devenir. Dieu nous l'a solennellement déclaré: "Je te propose la vie ou la mort, la bénédiction ou la malédiction. Choisis donc la vie" (Deutéronome, 30.19).

- Unité de l'être formé d'un corps et d'une âme:

Saint Irénée écrit que "le Seigneur a parfaitement enseigné que les âmes demeurent". C'est donc que les âmes sont immortelles puisqu'elles demeurent. Ainsi, suivant la révélation, "l'Église enseigne que chaque âme spirituelle est immédiatement créée par Dieu" (Catéchisme de l'Église Catholique, n°366, 1992). L'âme est immortelle car c'est Dieu Lui-même qui, par Son souffle, lui a donné la vie: "Il insuffla dans ses narines une haleine de vie et l'homme devint un être vivant" (Genèse, 2.7). Mais pour cela, l'âme a été déposée par Dieu dans le sanctuaire d'un corps matériel, et comme le potier façonne l'argile pour faire un vase, "le Seigneur Dieu modela l'homme avec la glaise du sol" (Genèse, 2.7).

Ainsi, "l'âme est unie au corps, non seulement comme l'agent à l'instrument, mais comme la forme à la matière; c'est pourquoi l'opération est du composé et non de l'âme seule" (Saint Thomas d'Aquin, Somme théologique, la résurrection, Question 75, article 1) -2-. Aussi, bien que l'âme ne périsse pas lors de la séparation du corps dans la mort, elle s'unira de nouveau au corps lors de la résurrection finale. Que ce qui est matériel (le corps) et ce qui est spirituel (l'âme) soient distincts, n'empêche donc pas que "l'état de l'âme unie au corps est plus parfait, parce qu'elle est une partie d'un tout et qu 'une partie intégrale (c'est à dire dans son état le plus complet) est faite pour le tout" (Saint Thomas d'Aquin, idem). Enfin, depuis que Jésus-Christ est venu dans la chair, notre participation à la vie divine s'inscrit plus mystérieusement encore dans notre corps. Car, comme un chrétien doit le confesser: "Le Christ est le premier ressuscité et sa résurrection est cause de la nôtre" (Saint Thomas d' Aquin, Somme théologique ,la résurrection, Q. 76, a. 1).

- Véracité de la résurrection:

Il existe au fond du cœur de l'homme une conviction intime comme quoi la mort n'est pas une fin en soi. Ainsi, "devant la variété des conditions humaines, la fragilité de notre organisme, l'imperfection et l'instabilité de la science et de la vertu, toutes choses qui empêchent le bonheur d'être parfait", notre vie ne peut, sans que nous en soyons révoltés, se résumer à la mort. Aussi, "puisque l'homme ne peut trouver le bonheur en cette vie, il est nécessaire d'affirmer la résurrection"(Saint Thomas d'Aquin, Somme théologique, la résurrection, Q. 75, a.1). Il ne s'agit pas seulement ici d'une simple projection dans l'au-delà de ce qui nous manque sur terre, mais il s'agit surtout de démontrer avec force qu'il est raisonnable pour l'homme de croire que son être est fait pour le bonheur et que notre vie, dès à présent, doit en prendre l'orientation. En effet, "cette fin dernière que tous désirent naturellement, c'est le bonheur" (Saint Thomas d'Aquin, idem). Car l'homme est fait pour le bonheur et son bonheur se trouve en Dieu. Nous pouvons donc dire, en résumant en quelques mots ce qui vient d'être exposé, que la résurrection est le signe de notre alliance avec Dieu pour le bonheur.

Suite à cela, si quelqu'un croit en Dieu, il lui faut croire qu'il ressuscitera pour le bonheur pour lequel Dieu l'a créé. Il serait blasphématoire d'affirmer que Dieu nous a fait pour que nous soyons anéantis au jour de notre mort. Non, Dieu ne désire pas la mort des siens. "Il n'est pas un Dieu de morts, mais de vivants. Vous êtes grandement dans l'erreur" (Saint Marc, 12.27): "Ils méprisent donc la puissance de Dieu et ne voient pas la vérité, ceux qui arrêtent leurs regards sur la faiblesse de la chair et ne considèrent pas la puissance de celui qui la ressuscite d'entre les morts" (Saint Irénée de Lyon, Adversus haereses, Livre V, 3.2). Lisons maintenant le récit de la vision des Ossements desséchés par le prophète Ezéchiel. Il n'est pas pour moi sans importance de mentionner ce passage de la Bible car je l'ai entendu pour la première fois à Auschwitz-Birkenau, lieu et symbole s'il en est de la mort dans toute son horreur:

"La main du Seigneur fut sur moi, et il m'emmena par l'esprit de Dieu, et il me déposa au milieu de la vallée, une vallée pleine d'ossements. Il me la fit parcourir parmi eux en tous sens. Or les ossements étaient très nombreux sur le sol de la vallée, et ils étaient complètement desséchés. Il me dit: "Fils d'homme, ces ossements vivront-ils?" Je dis: "Seigneur Dieu, tu le sais". I1 me dit: "Prophétise sur ces ossements. Tu leur diras: Ossements desséchés, écoutez la parole du Seigneur. Ainsi parle le Seigneur Dieu à ces ossements. Voici que je vais faire entrer en vous l'esprit, et vous vivrez. Je mettrai sur vous des nerfs, je ferai pousser sur vous de la chair, je tendrai sur vous de la peau et je vous donnerai un esprit, et vous vivrez, et vous saurez que je suis le Seigneur". Je prophétisais, comme j'en avais reçu l'ordre. Or, il se fit un bruit au moment où je prophétisais; il y eu un frémissement et les os se rapprochèrent l'un de l'autre. Je regardais: ils étaient recouverts de nerfs, la chair poussait et la peau se tendait par dessus, mais il n'y avait pas d'esprit en eux. Et il me dit: "Prophétise à l'esprit, prophétise, fils d'homme. Tu diras à l'esprit: Ainsi parle le Seigneur Dieu. Viens des quatre vents, esprit, souffle sur ces morts, et qu'ils vivent". Je prophétisais comme il m'en avait donné l'ordre, et l'esprit vint en eux, et ils reprirent vie et se mirent debout sur leurs pieds: grande, immense armée" (Ezéchiel, 37.1-10).

C'est dans le souffle de l'Esprit Saint, qui est pleinement Dieu, que la vie est donnée et qu'elle sera rendue, par la résurrection avec le Christ, aux corps inertes des hommes, afin qu'ils recouvrent la perfection de leur être, corps et âme à jamais unis pour la vie éternelle.

- La résurrection avec le Christ:

L'homme, pécheur, ne pouvant plus de lui-même revenir à Dieu, Dieu est venu à nous; Il s'est fait connaître à l'homme pour le sauver. Comment Dieu s'est-il fait connaître? Dieu s'est incarné; Il s'est fait homme; Il a pris chair.

Ce Dieu-homme est Jésus-Christ. Avec l'Esprit Saint, je le confesse, Jésus-Christ est Dieu fait homme: "A ceci reconnaissez l'esprit de Dieu: tout esprit qui confesse Jésus-Christ venu dans la chair est de Dieu" (Première épître de Saint Jean, 4.2).

Jésus a assumé notre condition humaine en toute chose excepté le péché; péché dont Il est venu vaincre l'absurdité dans ses pires conséquences: la souffrance et la mort.

L'absurdité de la souffrance et de la mort n'appartient pas à la création divine: "Dieu n'a pas fait la mort, il ne se réjouit pas de la perte des vivants. il a tout créé pour que tout subsiste" (Livre de la Sagesse, 1.13-14). Oui, DIEU N'A PAS FAIT LA MORT, "c'est par l'envie du diable que la mort est entrée dans le monde" (Livre de la Sagesse, 2.24).

Cette absurdité, Jésus-Christ est venu l'éprouver pour la confondre et rendre justice à l'œuvre de Son Père. Jésus a souffert la Passion: par amour pour nous, il est mort sur la croix: "Or, c'étaient nos souffrances qu'il supportait et nos douleurs dont il était accablé. Et nous autres, nous l'estimions châtié, frappé par Dieu et humilié. Il a été transpercé à cause de nos péchés, écrasé à cause de nos crimes. Le châtiment qui nous rend la paix est sur lui et c'est grâce à ses plaies que nous sommes guéris" (Isaïe, 53.4-5). En Jésus-Christ, la souffrance et la mort ont été transfigurées par Son amour pour le salut de tous les hommes. "Car l'amour est fort comme la mort" (Cantique des cantiques, 8.6). Et vainqueur: le Christ, le premier, est ressuscité des morts.

En souffrant, Il a porté nos souffrances de telle sorte que nous ne soyons jamais seuls dans l'épreuve.

En mourant, Il a dépouillé la mort de son pouvoir et vidé son empire de tous ceux qu'elle retenait captifs.

En ressuscitant, Il a rétabli la vie pour toujours.

Où et comment le Christ nous a-t-il tous rejoint?

Par la souffrance et dans la mort, le Christ a embrassé la destinée de tout homme sur la terre. Désormais et pour toujours, notre espérance est vivante en Lui: "Car si c'est un même être avec le Christ que nous sommes devenus par une mort semblable à la sienne, nous le serons aussi par une résurrection semblable" (Épître aux Romains, 6.5).

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