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Les phénomènes à la limite du naturel et du surnaturel 

L’expérience de mort approchée (Near Death Expérience)

 

            Quand le docteur Moody, psychologue américain, publia son livre: La vie après la vie[1], il eut un tel succès que des traductions furent faites un peu partout dans le monde. Il devint un best-seller et ce n’est pas étonnant: La science semble y rejoindre la religion pour proclamer l’existence d’une vie après la mort.

            Il s’agit d’une étude faite d’une manière très sérieuse auprès des américains ayant connu, à un moment, un état d’arrêt cardiaque ou même de mort clinique. Le résultat de l’enquête est bouleversant et d’un grand intérêt scientifique, philosophique et théologique.

             En dépit des différences présentes pour chaque cas, écrit le docteur Moody, tant par les circonstances qui entraînent les approches de la mort que les différents types humains qui les subissent, il n’en reste pas moins que de frappantes similitudes se manifestent entre les témoignages qui relatent I’expérience elle-même. En fait, ces similitudes sont telles qu’il devient possible d’en dégager des traits communs, sans cesses répétées dans la mesure des documents que j’ai pu rassembler.

            En nous fondant sur ces ressemblances, je m’efforcerai maintenant de reconstituer brièvement un modèle théorique idéal ou complet, de l’expérience en question en y introduisant tous les éléments communs dans l’ordre où il est typique de les voir apparaître.

            Voici donc un homme qui meurt et, tandis qu’il atteint le paroxysme de la détresse physique, il entend le médecin constater son décès. Il commence alors à percevoir un bruit désagréable, comme un fort timbre de sonnerie ou un bourdonnement et, dans le même temps, il se sent emporté avec une grande rapidité à travers un obscure et long tunnel. Après quoi il se retrouve hors de son corps physique immédiat. Il aperçoit son propre corps physique à distance, comme en spectateur. Il observe de ce point de vue privilégié les tentatives de réanimation dont son corps fait l’objet. Il se trouve dans un état de forte tension émotionnelle.

            Au bout de quelques instants, il se reprend et s’accoutume peu à peu à l’étrangeté de sa nouvelle condition. Il s’aperçoit qu’il continue à posséder un “ corps ” mais ce corps est d’une nature très particulière et jouit de facultés très différentes de celles dont faisait preuve la dépouille qu’il vient d’abandonner. Bientôt, d’autres événements se produisent, d’autres êtres s’avancent à sa rencontre, paraissant vouloir lui venir en aide. Il entrevoit les esprits de parents et d’amis décédés avant lui. Et soudain, une entité spirituelle d’une espèce inconnue, un esprit de chaude tendresse, tout vibrant d’amour (un être de lumière) se montre à lui. Cet être fait surgir en lui une interrogation, qui n’est pas verbalement prononcée, et qui le porte à effectuer le bilan de sa vie passée. L’entité le seconde dans cette tâche en lui donnant une vision panoramique, instantanée, de tous les événements qui ont marqué son destin.  

            Le moment vient ensuite où le défunt semble rencontrer devant lui une sorte de barrière ou de frontière, symbolisant apparemment l’ultime limite entre la vie terrestre et la vie à venir. Mais il constate alors qu’il faut revenir en arrière, que le temps de mourir n’est pas encore venu pour lui. A cet instant, il résiste car il est désormais subjugué par le flux des événements de l’après vie, et ne souhaite pas ce retour. Il est envahi d’intenses sentiments de joie, d’amour et de paix. En dépit de quoi il se retrouve uni à son corps physique: Il renaît à la vie.

            Par la suite, lorsqu’il tente d’expliquer à son entourage ce qu’il a éprouvé entre temps, il se heurte à différents obstacles. En premier lieu, il ne parvient pas à trouver des paroles humaines capables de décrire de façon adéquate cet épisode supraterrestre. De plus, il voit bien que ceux qui l’écoutent ne le prennent pas au sérieux, si bien qu’il renonce à se confier à d’autres. Pourtant, cette expérience marque profondément sa vie et bouleverse notamment toutes les idées qu’il s’était faites jusque-là propos de la mort et de ses rapports avec la vie.

 

            On peut résumer ce tableau idéal en cinq grandes étapes (voir docteur Kenneth King):

 

1)décorporation: la personne se trouve comme suspendue au-dessus de son corps;

 

                        2) Tunnel noir ;

 

                        3) vision de l’être de lumière;

 

                        4) vision de proches décédés précédemment;

 

                        5) le retour et ses conséquences psychologiques.

 

L’ordre des étapes peut varier puisque certaines personnes affirment avoir vu l’être de lumière avant le passage dans le tunnel noir. D’autre part, certains témoignages s’arrêtent à la première ou deuxième étape, la mort clinique n’ayant apparemment pas assez duré.

            Intérêt scientifique fut très vif aux USA et l’on s’efforça de vérifier la véracité des récits. Seule la décorporation peut-être objet d’une telle enquête scientifique. Pour les autres, le témoignage des patients ne peut être confronté à aucun moyen de mesure.

Cette expérience de décorporation présente un intérêt unique. On ne peut qu’être frappé par le récit des victimes qui semble concorder en tout point avec la réalité. Or la victime, il ne faut pas l’oublier, est en état de mort clinique. Elle est allongée sur une table et ne peut, théoriquement, rien voir de ce qui l’entoure. Pourtant, on est obligé d’admettre qu’elle voit ce qui se passe et qu’elle le voit d’un point situé en dehors de son propre corps.

            Dans une salle de réanimation, un médecin eut l’idée de pousser les vérifications en fixant sur la face supérieure des instruments de petits autocollants, de telle façon qu’on ne puisse les voir que du plafond. On eut la surprise de recueillir, dans le témoignage de ceux qui prétendaient avoir connu une expérience proche de la mort, la mention de ces autocollants.

            A cause du perfectionnement des méthodes de réanimation, cette expérience se multiplie et met la science devant un nouveau phénomène paranormal: On est obligé d’affirmer, à moins de faire mentir les multiples vérifications effectuées, qu’il existe une décorporation. Ce phénomène reste inexpliqué mais on peut en décrire les conditions.

 

            Les propriétés du corps double ont pu être décrites d’une manière assez précise: Il s’agit tout d’abord d’un corps matériel, même s’il n’est pas composé de matière palpable. Il s’agit plutôt de matière sous forme d’énergie, de flux ondulatoire. C’est une sorte de champ magnétique, organisé sur lui-même, un corps psychique.

            Il s’agit malgré tout d’un véritable corps humain, double du corps physique, ayant toute une vie psychologique et spirituelle: Il possède ses cinq sens, même si le toucher et le goût s’exercent différemment. L’imagination est entièrement présente, avec la mémoire et leur exercice cérébral. Des souvenirs disparus peuvent réapparaître intacts. Les émotions passionnelles sont présentent mais elles sont beaucoup plus paisibles. La joie, la paix, la peur et la tristesse s’exercent sans excès, comme si l’absence du corps physique les rendait plus contrôlables.

            La vie spirituelle est, quant à elle, intensément présente. L’intelligence comprend ce qui leur arrive, la volonté se porte vers tel ou tel choix. Mais le plus étonnant demeure sans doute l’apparition de propriétés parapsychologiques très intéressantes. Ce corps est fluide: il peut passer à travers les murs les plus épais, obéissant aux désirs de la volonté. Une femme raconte que, s’étant aperçu qu’elle mourrait, elle eut une pensée pour son mari et son fils présents dans la salle d’attente. Elle se retrouva aussitôt auprès d’eux, ayant traversé plusieurs pièces de l’hôpital à travers les murs. Elle décrivit après son réveil des détails sur cette salle d’attente qui ne laissent aucun doute de sa bonne foi.

 

            Ce corps est agile: il peut se déplacer à volonté avec une vitesse incroyable. Un homme se voyant quitter son corps physique pensa intensément à son épouse qu’il avait laissée à l’étranger. Il se retrouva auprès d’elle, ayant franchi en quelques instants des milliers de kilomètres.

            Ce corps est léger: il ne présente aucun des inconvénients du corps physique: fatigue, poids, inertie; Etant entièrement soumis à la volonté, il peut être appelé en ce sens “ corps spirituel ”.

            Ce corps est parfait: il ne présente aucun des handicaps du corps physique. Une jeune fille, aveugle de naissance, put décrire avec force de détails la couleur de ce qu’elle avait vu dans la pièce lors de son expérience. Un ancien combattant, amputé des deux jambes, eut la surprise de se voir tel qu’il était avant son accident.

             Enfin, ce corps est doué de perceptions extrasensorielles nouvelles et qui lui apparaissent comme naturelle. Les témoins prétendent non seulement entendre les paroles proférées autours d’eux mais lire directement les sentiments et les pensées de chacun. C’est une sorte de télépathie a sens unique puisqu’ils sont, quant à eux, incapables d’attirer l’attention de qui que ce soit.

            Chaque personne, chaque objet, leur apparaît nimbé dans une auréole de lumière aux couleurs vivantes ce qui rend leur perception de l’univers presque féerique. Selon les pensées et les sentiments

de ceux qui sont dans la pièce ces couleurs prennent des nuances différentes.

            Devant de telles propriétés, qui font davantage penser à un conte de fée qu’à la réalité, on serait tenté de rejeter tout cela dans le domaine imaginatif. L’hypothèse d’un effet psychique subjectif dû à la mort clinique à été émise mais elle ne tient pas car les récits liés à la décorporation ont une objectivité vérifiable. Le problème n’est donc pas d’affirmer que ce n’est pas possible. Le problème est que cela est.

            Certains philosophes américains ont donc essayé de se pencher sur la question. Il leur est apparu d’abord que le phénomène de la décorporation n’est pas nouveau. La psychologie le décrit comme propriété de certains hallucinogènes puissants. D’autre part, de longs traités pluriséculaires, écrits dans les traditions philosophiques chinoises, hindoues et tibétaines en parlent. C’est d’ailleurs là qu’on trouve les plus profondes explications philosophiques du phénomène.

            Selon ces traditions, on peut discerner dans l’être humain trois degrés de vie auxquels correspondent trois corps parfaitement adaptés l’un à l’autre pour former une seule personne: le corps physique, le corps astral et le corps mental.

            Le corps physique est le siège des facultés végétatives comme la nutrition, la reproduction, la croissance. Il est aussi le siège d’un autre corps, appelé le corps astral. C’est le corps physique qui est source de l’existence du corps astral, à tel point que, selon eux, la survie de ce dernier est assez éphémère après la mort du premier. Une simple comparaison permet de comprendre leur point de vue: le corps astral est comparable, dans son rapport avec le corps physique, à un champ magnétique autour d’un électro-aimant. Si l’on coupe l’électricité, le champ magnétique s’arrête à son tours. S’il subsiste, c’est d’une manière éphémère, sous la forme par exemple d’électricité statique.

            De même, après la mort du corps physique, le corps astral s’en sépare et subsiste un certain temps en se nourrissant de sa propre énergie, avant de disparaître à son tour d’où I’expérience de la décorporation. Le corps astral est, avec le corps physique, siège des facultés psychiques comme les sensations, les passions, l’imagination et la mémoire.

            Le corps mental n’est autre que ce que nous appelons l’esprit, siège de l’intelligence et de la volonté. Ils ne lui donnent le nom de “ corps ” que par métaphore car selon eux, il dépasse cette notion pour être entièrement spirituel.

            Le corps mental est immortel et indestructible. C’est lui qui, dans la sagesse hindouiste, se réincarne à travers les âges.

            Cette explication occidentale traditionnelle, loin de s’opposer à la philosophie occidentale et traditionnelle, semble au contraire prendre la réalité selon un regard complémentaire. Aristote, père de notre philosophie, distingue de la même façon trois degrés de vie mais son analyse s’attache moins à la cause matérielle de la vie. Le mérite de la philosophie orientale semble être ici de rendre intelligible un phénomène que l’occident ne fait que découvrir.

 

Cela ne reste bien sûr encore qu’une explication hypothétique, une piste de recherche qui devrait pourtant encourager la science à s’intéresser au phénomène. En effet, si le corps astral existe et est matériel, il doit y avoir moyen d’en mesurer la présence.

            Les phases 3 et 4 (vision de l’être de lumière et de proches décédés) est invérifiable par la Science. En effet, si on analyse avec précision le témoignage de ceux qui ont frôlé la mort, ils n’affirment pas avoir vu avec leur oeil matériel, de la même manière qu’ils voyaient les infirmières s’agiter dans la pièce. Ils parlent plutôt de vision intérieure d’intuition intellectuelle d’une présence. Cette intuition leur semble tellement puissante qu’ils n’arrivent pas à la décrire. Nous semblons être au-delà du monde sensible pour toucher à une dimension spirituelle, a priori inaccessible à la science qui ne mesure que le monde matériel.

            La philosophie et la psychologie ont par contre leur mot à dire. Le docteur Moody sans se prononcer définitivement, affirme son sentiment d’être en présence d’un phénomène réel. Selon lui, les maladies psychiques de type hallucinatoire ou hystérique, si elles produisent l’audition de voix et la vision de fantômes imaginaires, ont après coup un effet destructeur sur la personnalité: Les personnes s’enfoncent dans leurs névroses (angoisses, obsession, désespoir) et parfois sombrent définitivement dans leurs psychoses (paranoïa, schizophrénie).

            Bien au contraire, la N.D.E (NEAR DEATH EXPERIENCE) donne comme un souffle puissant de renouveau à leur vie. Pour nombre d’entre eux, la valeur première devient l’amour, selon deux formes significatives: l’amour de l’Etre de lumière, qu’ils savent devoir rejoindre un jour (certains l’appellent Dieu, d’autres Jésus ou Bouddha ou Mahomet, selon leur culture), et l’amour de leurs frères: En vue de ces deux amours, ils s’efforcent de progresser, d’éliminer leurs défauts, de développer leur intelligence.

            Selon le docteur Moody, de tels effets ne peuvent venir d’un état malade d’hallucination mais d’une véritable expérience mystique. Je suis pour ma part assez d’accord avec lui, tout en maintenant que ce raisonnement ne prouve pas mais suggère. Il m’apparaît comme un simple signe de la vérité du phénomène car “ d’un mauvais arbre ne sortent pas de bons fruits ”. 

 

            L’Église, par la voix de son Magistère, ne s’est jamais prononcée à propos de I’expérience proche de la mort. En général, les théologiens reçoivent de sa part deux critères de jugements:

                        1) Une vision peut-être considérée comme valide si lorsque, entre autres choses, les effets qu’elle produit sur le comportement humain sont d’un certain genre: par exemple, si elle les porte à se rapprocher de Dieu ou encore à approfondir la connaissance de la religion.

                        2) Il est indispensable qu’en vision soit cohérente avec le message de la Bible, selon l’interprétation authentique du Magistère Romain.

 

            Ces deux critères ne suffisent pas à prouver aux yeux de l’Église qu’il y a bien eu vision. N’importe quel faussaire pourrait singer une apparente conversion et une grande orthodoxie. L’Église demande en outre, avant de reconnaître une apparition, quelques miracles dont l’origine divine est manifeste[2]. Elle ne se prononce donc pas sur la N.D.E.

 

            C’est donc aux théologiens qu’il revient de rechercher si les critères 1 et 2 sont valables pour la N.D.E. Le premier critère est manifestement vérifié. C’est justement dans le sens d’un retour au religieux que se sont senties poussées les personnes marquées par cette expérience. On peut même affiner que la plupart d’entre elles, même si elles ne deviennent pas chrétiennes, se font sans le savoir disciple de Jésus Christ quand il disait: “ Je vous donne deux commandements: tu aimeras ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et tu aimeras ton prochain comme toi même ”.

 

            Quant au deuxième critère, il nous faut maintenant le vérifier: la théologie catholique parle en effet de la vie après la mort: appuyé sur la Bible et la Tradition, ces deux sources par lesquelles l’Esprit de Dieu se donne à l’homme, sont mis à disposition de ceux qui ont suffisamment de foi, l’annonce de ce qu’ils vivent après la mort. Son regard profond va bien plus loin que l’approche de la mort, telle que pensent l’avoir vécue les rescapés. Il va jusqu’à l’au-delà de cette barrière qu’aucun d’eux n’a franchie. Le Magistère solennel de l’Église, aide précieuse pour le théologien, nous a déjà donné en ce domaine quelques appuis solides que nous pouvons tenir comme certains:

                        1) Nous croyons en la vie éternelle.

                        2) Au moment de sa mort, l’âme se retrouve en présence de l’humanité Sainte de Jésus

                        3) Cette vision d’amour est le commencement de ce qu’on appelle son jugement particulier.

                        4) Les âmes mortes en état de péché mortel sont immédiatement conduites en enfer. Les autres, soit qu’elles aient encore à être purifiées au purgatoire, soit que dès l’instant où elles quittent leur corps Jésus les prenne au paradis comme il a fait pour le bon larron, deviennent le peuple de Dieu dans l’au-delà de la mort.

                        5) Le paradis consiste en la vision de Dieu, face à face.

            Ces quelques jalons étant posés, c’est à l’école des plus grands théologiens comme saint Thomas d’Aquin ou des plus grands saints (comme Sainte Catherine de Gênes) que nous devons nous mettre.

            “ Nous croyons en la vie éternelle ”. Cette certitude absolue fonde la foi chrétienne tout entière “ si les morts ne ressuscitent pas, vaine est notre foi ” .

            Tout homme, au moment même de sa mort, qu’il soit baptisé, Juif, païen ou athée, se retrouve face à l’humanité Sainte de Jésus. La Bible l’affirme avec force “ toute chair se prosternera devant ta face et devant la face de l’agneau ”. Saint Thomas d’Aquin précise que cette vision première qui suit la mort ne peut être aussitôt celle de Dieu tel qu’il est. Dieu, par son irruption brutale dans l’âme, empêcherait tout jugement car la liberté n’existerait plus. Il est si grand, si infini par sa bonté qu’il happerait à jamais l’âme en son sein. Or Dieu ne veut forcer la liberté de personne.

            Cette vision ne peut être que celle de Dieu sous les voiles de son humanité: Jésus. Nul ne peut imaginer le bouleversement que réalise dans les âmes une telle rencontre. Pour l’âme la plus contemplative, pour le plus spirituel des moines, c’est la découverte qu’il n’avait presque rien compris à cet amour. Saint Thomas d’Aquin, à la fin de sa vie, eut la chance ce voir Jésus lui apparaître. A partir de ce jour, il cessa d’écrire, laissant sa Somme Théologique inachevée. Devant l’insistance de son secrétaire, frère Réginald qui l’encourageait à reprendre ses travaux, il finit par avouer sa vision. Tout en larmes, il lui confia: “ je n’avais rien compris; je n’avais rien compris ”. Il n’écrivit plus jamais un seul mot.

            La première révélation faite par Jésus à celui qu’il rencontre, tient en une parole “ voici le cœur qui t’a tant aimé ”[3]. Elle ne se fait pas avec des mots mais avec du feu, c’est-à-dire un amour et une tendresse presque palpables. C’est comme une vision de jaspe vert et de cornaline, commente l’Apocalypse[4], manifestant ainsi la pureté bouleversante du regard de Jésus. Tout ce que l’Église appelle le jugement dernier est contenu dans cette parole unique; Le reste n’est qu’un effet, une conséquence logique.

 

            L’âme, plongée dans la tendresse de Jésus découvre en pleine lumière la vanité de tout ce qui n’est pas l’amour aux yeux de Dieu. Sa vie entière s’en trouve comme éclairée et le moindre péché, la moindre note d’égoïsme qui lui revient à la mémoire, prend à ses yeux toute l’horreur qu’elle aurait du avoir depuis toujours: le curé d’Ars, saint Jean Marie Vianney, trembla toute sa vie de terreur à l’idée de rencontrer un jour le regard d’amour de Jésus. Il avait tellement conscience de ses péchés, pourtant si petits à nos yeux, qu’il était persuadé qu’il mourrait de douleur en voyant la douleur qu’il avait fait subir à son sauveur.

            A cette étape du jugement dernier, les âmes quelles qu’elles soient, ont la foi[5]. Elles savent que Dieu existe et qu’il est amour. L’athéisme n’existe plus dans l’au-delà. Jésus peut alors, dans son extrême délicatesse, leur adresser une deuxième parole, la même qui fut donnée aux anges au jour de leur création, la même qu’Adam et Eve reçurent, la même qui est au cœur de l’évangile “ tu me verras face à face, si tu redeviens comme un enfant ”. Dieu, dans son amour pour l’âme, sait la prendre avec toute la délicatesse nécessaire. Il sait en effet, la rude épreuve que représente pour chaque être spirituel le fait de redevenir comme un enfant. L’humilité est dure pour celui qui a toujours vécu d’orgueil !; L’amour de Dieu est une chose nouvelle pour celui qui n’à fait que s’aimer lui-même. Il fait alors appel à tout ce qui peut aider l’âme à entrer dans le bonheur éternel: Ses proches déjà décédés sont présents. Si c’est un catholique qui aimait la Vierge Marie, la Vierge Marie est présente. Si c’est un protestant, méfiant par rapport à la mère de Jésus, la Vierge Marie s’efface. Les vivants eux-mêmes, c’est-à-dire ceux qui sont encore sur la terre sont rendus présents invisiblement si nécessaire. Marthe Robin, la grande sainte de Châteauneuf de Galaure disait souvent: “ Il faut prier pour ceux qui viennent de mourir. Ils sont en train de jouer leur avenir éternel ”. Mais le démon, lui aussi, a le droit d’intervenir en ce dernier combat. Il rappelle à nos frères leurs péchés et sa séduction ultime se fait présente. L’ange des ténèbres se déguise en ange de lumière: “ Rappelles toi cette fois là où tu fus si égoïste. Tu avais pourtant compris, à l’époque, qu’il n’y a pas de plus grand amour que l’amour de soi. Reste fidèle avec toi-même ! Reste un homme debout. Ne vas pas t’abaisser à aimer ”.

            Toutes ces révélations, toutes ces découvertes ne sont pour l’âme que des prémisses au choix définitif qui la fixera dans l’amour d’elle-même jusqu’à la haine de Dieu ou, au contraire, dans l’amour de Dieu jusqu’à la haine de soi[6].

            La foi de l’Église semble nette pour affirmer que tout cela se passe “ au moment de la mort ”. Mais elle n’a jamais précisé ce qu’elle entendait par le moment de la mort. Certaines écoles théologiques pensent qu’il s’agit de l’instant précis où l’âme se sépare du corps. D’autres enseignent que ce moment peut durer plusieurs jours. La liturgie chrétienne penche plutôt pour cette deuxième opinion, d’où la coutume de veiller trois jours le corps des défunts. Marthe Robin pensait qu’il fallait prier pour les morts longtemps et que le jugement pouvait durer plusieurs jours. Si l’on compare, maintenant, la théologie traditionnelle décrite ici avec le récit de ceux qui ont approché la mort, on est obligé d’admettre qu’il n’existe aucune opposition entre les deux. Bien au contraire, la foi semble trouver dans ces récits une éclatante confirmation. Les critères 1 et 2 me paraissent donc parfaitement vérifiés.

            En conclusion, je voudrais donner mon opinion personnelle, en précisant qu’elle n’engage que moi.

            Je suis intimement persuadé que la N.D.E, telle que le docteur Moody l’a fait découvrir au monde, est une grâce d’origine divine.

 

            En ces temps où la foi est rejetée comme une attitude indigne d’un adulte doué d’esprit critique, Dieu, encore une fois, me semble avoir accepté de se mettre à notre niveau. Pour se révéler à nous, il parle pour la première fois un langage nouveau de sa part: aux astrologues chaldéens, qui ne comprenaient que l’astrologie, il révéla sa naissance en faisant apparaître une étoile; Aux bergers, prêts à croire le moindre miracle, il envoya un ange !

            Une telle condescendance de la part de Dieu me bouleverse et je souhaite qu’elle sera pour beaucoup le chemin qui conduit à Jésus. Ce fut le cas pour saint Paul, apôtre des païens, qui vécut lui-même une expérience proche de celle-ci: “ Je connais quelqu’un, confie-t-il à propos de lui-même, qui, voici 14 ans (étais ce avec son corps? Je ne sais; Etais-ce hors de son corps? Je ne sais; Dieu le sait), cet homme là fut ravis jusqu’au troisième ciel. Et cet homme là (était ce en son corps? Je ne sais; Dieu le sait). Je sais qu’il fut ravis jusqu’au paradis et qu’il entendit des paroles ineffables, qu’il n’est pas permis à un homme de redire ”[7].


[1] La vie après la vie, docteur Moody, Robert Laffont, 1977 page 35.

[2] voir le chapitre sur les miracles.

[3] Récit de Sainte Marguerite Marie;

[4] Apocalypse IV, 3.

[5] Il ne s’agit pas de la foi théologale mais d’une simple foi humaine fondée sur des signes évidents. Cette foi du moment de la mort ne laisse aucune place à l’ignorance, circonstance atténuantes de biens des péchés de l’humanité.

[6] Cette expression est de saint Augustin.

[7] Epître de saint Paul II Corinthiens XII, 2 à 4.

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