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LE DOIGT DE DIEU EST LÀ

CHAPITRE 2: les Charismes

 

            Saint Paul, dans la première épître aux Corinthiens, signale l’existence de dons d’origine divine: “ L’un reçoit de l’Esprit le don de parler avec sagesse, l’autre don de parler avec science selon le même Esprit; Celui-ci reçoit dans le même Esprit la foi, celui là la grâce de guérir les malades; Un autre don d’opérer des miracles; Un autre encore la prophétie; Un autre le discernement des esprits; Un autre les langues; Un autre enfin l’interprétation des discours en langues ” (3).

            Nous avons vu tout au long de cet ouvrage combien il était difficile d’attribuer à Dieu tous les miracles, toutes les guérisons des malades, toutes les prophéties. Quant au don de parler avec sagesse ou avec science, chacun sait que cela peut être un simple effet des études accomplies, accompagnées en un sens de l’allocution qu’on peut entraîner en pratiquant la rhétorique. Il existe donc des charismes humains qui ne sont pas reçus de l’Esprit, mais de la nature ou des anges bons et mauvais. Les charismes naturels peuvent être développés par entraînement. Les charismes sataniques peuvent être obtenus par invocation d’esprits.

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(1) Voir la conclusion de cet ouvrage: le plus grand des phénomènes paranormaux;

(2) Voir séraphin de Sarov: théophanie, Desclée de Brouwer;

(3) I Corinthiens 12, 8.

            Mais ce qui caractérise les charismes donnés par Dieu, ce qui permet de les distinguer avec certitude de tout autre, c’est leur effet: eux seuls convertissent les cœurs. J’ai montré au chapitre précédent qu’une conversion du cœur, au sens chrétien du terme, se fonde sur une expérience mystérieuse de la présence de Dieu. Nul autre que Dieu ne peut donc provoquer un tel miracle (2).

            Ainsi, si l’on peut constater qu’après un discours prononcé en chaire, une partie de l’Assemblée s’est retrouvée élevée vers Dieu au point de vivre cette expérience, on pourra sans hésiter parler d’un véritable charisme du prédicateur. Un tel charisme ne se possède pas, Dieu le donne quand il le veut. Les prêtres le savent bien: Le plus génial des orateurs aura beau mettre tout son talent pour enthousiasmer les foules en parlant de Dieu, si l’Esprit Saint ne vient pas, ses paroles n’auront pas plus d’effet qu’une splendide pièce de théâtre. L’Esprit Saint peut au contraire venir, alors que l’orateur ne prononce que des mots ternes et sans consistance. Un tel charisme des discours fut expérimenté par un prêtre qui me le rapporta: il venait de terminer un long sermon. Le public semblait dormir. Il fit son signe de croix, et dit dans le micro, à l’adresse de l’organiste qui se trompait: “ Il faut tourner la page ”. A la fin de la messe, une personne en larmes vint le voir, lui disant qu’il avait converti son coeur. Flatté, il lui demanda quelle partie de son sermon avait eu un tel effet. Elle lui répondit: “ Quand vous avez dit qu’il fallait tourner la page, j’ai compris la vanité de ma vie ”.

            Certains prétendent qu’on peut entretenir les charismes. S’ils avaient vraiment compris ce qu’ils sont, ils ne parleraient pas ainsi. Il est malheureusement facile de confondre ses dons naturels avec dons gratuits de Dieu.

            Un magnétiseur de campagne, par exemple, dans la mesure où il fait qu’utiliser son énergie naturelle pour aider à la guérison d’un malade n’exerce pas un charisme, mais une simple propriété de la nature humaine.

            Son action est bien différente de celle de ces paysans tout simples, pleins de foi en Dieu, qui se transmettent de génération en génération une prière qui guérit telle ou telle maladie. Je me souviens avoir rencontré un de ces braves hommes. On venait le voir des alentours pour se faire guérir de toutes les brûlures, quel que soit leur degré. Il se contentait de tracer sur la plaie une croix en prononçant le nom de Jésus. L’effet était immédiat. Il s’agit bien là d’un charisme dans ce qu’il a de plus pur, l’un de ces charismes chrétiens donnés par Jésus en récompense de la foi. De la même manière, les rois de France recevaient de Dieu le pouvoir de guérir certaines maladies par le signe de la croix.

            Le saint le plus charismatique est sans aucun doute Saint Vincent Ferrier (1). Les faits qui illustrent sa vie sont si extraordinaires qu’ils sont à peine croyables, même pour un chrétien habitué aux phénomènes paranormaux. Pourtant, les témoignages de l’époque sont absolument crédibles. Ce petit dominicain, d’abord professeur de Théologie, fut appelé pour évangéliser l’Europe. Il demanda au pape la permission de prêcher partout, et partit, simplement accompagné d’un âne, qui portait sa Somme théologique, sa Bible, et une cloche pour attirer les foules. Son unique désir était de convertir les cœurs: l’Église l’avait confirmé dans cette vocation. Il reçut donc de Dieu les charismes. Mais il les reçut au point de pouvoir éclairer toute Théologie: pour instruire les autres des vérités divines, qui dépassent toute démonstration, mais requièrent la foi, trois conditions sont requises, affirme Saint Thomas (2). L’apôtre doit posséder une connaissance complète de ces vérités divines, afin d’être capable de les enseigner. Il doit donc être un chrétien et un théologien. Etre chrétien c’est aimer Dieu et ses frères plus que soi-même. Saint Vincent Ferrier était brûlé de ce feu divin.

            Etre théologien n’est pas non plus un charisme divin, mais le fruit de longues études. Saint Vincent commença sa vie de prêtre par enseigner cette discipline.

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(1) La Bible a des expressions très fortes quand elle parle d’hommes tels que lui, investis de la puissance de dieu: “ Yahvé obéissait à la voix d’un homme ” (Josué 10, 14);

(2) Somme Théologique, Saint Thomas d’Aquin, traité sur la grâce question 111, article 4.
On le décrit comme un scolastique doué, mais peu différent des autres professeurs de son époque. Il ne brillait donc pas particulièrement en tant qu’homme, ce qui ne fait que confirmer l’origine supra-naturelle des dons qui éclatèrent en lui dès qu’il devint apôtre. Nous trouvons en lui, à partir de cette seconde époque de sa vie, une des plus belles illustrations de la théologie chrétienne des charismes.      Pour convertir les cœurs, il reçut en premier lieu le charisme de la foi. Il ne s’agit pas de cette foi intérieure, qui fixe l’intelligence dans une confiance totale en Dieu. Cette vertu théologale est commune à tous les croyants, qu’ils soient juifs, chrétiens ou musulmans. Il s’agit là d’une foi qui transparaît à l’extérieur au point de provoquer l’étonnement des auditeurs. Quand Saint Vincent passait dans la campagne, la plus profonde impression qu’il laissait était celle de sa totale foi en Dieu, sa confiance absolue, au point qu’il donnait envie de croire avec lui en tout ce qu’il croyait. Ce charisme aurait presque suffit à convertir les foules, tant il saisissait les coeurs.

            Mais Dieu ne s’arrêta pas là, il lui donna aussi le charisme des discours dont parle Saint Paul. Cet homme terne et voûté semblait saisi par une force venue d’ailleurs, à l’instant même où il montait en chaire pou parler. Sa parole s’élevait, claire comme une eau vive. Son élocution demeurait surhumaine, incomparable avec tout ce que peu donner l’art oratoire humain. Les gens tombaient à genoux dès les premiers mots, touchés au cœur par les flèches de Dieu. En théologie chrétienne, la meilleure explication de ce charisme semble être la coopération entre cet homme étonnant, les anges et Dieu. L’homme s’abandonnait à Dieu dans une confiance totale, pour qu’Il parle à travers lui; l’ange venait alors prendre possession de ses facultés, inspirant le discours de ce qu’il prononçait, parlant quasiment à travers sa bouche; Dieu, enfin, couronnait tout cela de sa puissance rédemptrice, retournant les cœurs vers lui, par la manifestation intime, brûlante ou douce, de sa présence.

            En Saint Vincent Ferrier, le charisme des discours se disait en plusieurs espèces: Il pouvait prononcer des paroles de sagesse, c’est-à-dire des paroles capables d’exprimer les plus grands mystères de Dieu; ceux qui entendaient étaient saisis du désir de contempler la Sainte Trinité, l’éternel mystère du Père qui engendre le Fils par le Saint-Esprit. La contemplation paraissait simple sur ses lèvres. La mystique ne semblait plus réservée à quelques religieuses isolées de leurs couvents.

            Il pouvait aussi prononcer des discours de science: aucun des problèmes de la Théologie ne lui échappait, et il savait les illustrer par des exemples pris dans l’univers entier. Dans sa bouche, les abeilles parlaient de Dieu, les oiseaux devenaient témoins de la vie chrétienne. La science chrétienne n’avait plus de secrets pour ses auditeurs.

            Ces trois charismes (la foi, les discours de sagesse et les discours de science) suffisaient à ramener vers Dieu et l’Église la masse des foules chrétiennes des campagnes européennes. La tiédeur ne pouvait résister à ce feu de Dieu. Mais, quand il s’agissait de toucher le coeur des hommes sincèrement croyants d’autres religions, en particulier des musulmans d’Espagne ou des juifs, il fallait bien d’autres armes. Il fallait, en effet, confirmer pour eux l’origine divine de ses paroles. Saint Thomas montre que les données de la foi ne peuvent être confirmées par des preuves rationnelles. Nul ne peut prouver philosophiquement que Jésus est réellement présent dans l’eucharistie. Seul Dieu peut le faire en donnant un signe que lui seul peut accomplir (1). C’est le charisme des miracles. Ils se divisent en quatre espèces: soit que les causes aboutissent au soulagement du corps, et l’on parlera du charisme de guérisons; Soit qu’elles tendent uniquement à montrer la puissance divine lorsque, par exemple le soleil s’arrête ou s’obscurcit, que la mer se divise, et on a le pouvoir d’opérer des prodiges. Ou bien, ce docteur est en mesure de révéler ce qu’il n’appartient de connaître, comme les futurs contingents et l’on a la prophétie ou encore les secrets des consciences et l’on a le discernement des esprits (2).

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(1) Voir le chapitre sur les miracles;

(2) Voir Saint Thomas d’Aquin, la grâce question 111 article 4. 

            Saint Vincent Ferrier, assoiffé de révéler Jésus-Christ aux juifs et aux musulmans de toute la terre, accomplissait des miracles inimaginables. Il ne se contentait pas de guérir, il ressuscitait. Il refit, par exemple, le grand miracle de Saint Nicolas. Il était depuis quelque temps en Bretagne, quand un homme vint le voir, pour lui parler de sa femme qu’il trouvait de plus en plus violente et inquiétante: le saint lui conseilla de l’aimer et de multiplier les délicatesses envers elle. Quelques jours plus tard, l’homme revint, et lui demanda de venir avec lui à la maison: Depuis deux jours sa femme était encore plus bizarre que d’habitude, depuis que leur enfant avait disparu. Le saint le suivit donc, entra dans la maison, vit la femme, et s’écria: “ Malheureuse, qu’as-tu fait? ”. Puis, il se dirigea vers le saloir, où il trouva le corps de l’enfant, découpé par la main criminelle de sa mère. Devant la douleur du pauvre homme, qui était resté stupéfié d’horreur, il fit sortir tout le monde et resta seul avec le corps de l’enfant. Des gens s’étaient réunis devant la maison. Quelques minutes plus tard, Vincent Ferrier sortit. Il tenait par la main l’enfant, qu’il avait tout simplement ressuscité.          Une autre fois, il avait réuni dans une église une foule qui l’écoutait prêcher. Une femme juive ne cessait de lancer des remarques ironiques à propos de ses paroles. Elle finit par se lever, et se dirigea vers la sortie. Le saint la vit, traça un signe de croix vers elle. Aussitôt, le porche de l’église s’écroula sur elle, la tuant sur le coup, à la grande stupeur de la foule. Les gens le vit alors descendre de chaire. Aidés par des hommes, ils dégagèrent le corps de la femme. Le saint fit un nouveau signe de croix, et elle se releva aussitôt.

            “ Crois tu, maintenant? lui demanda-t il.

            Oui, je crois ”.

            Tous les juifs présents, et bien d’autres, se convertirent aussitôt, et demandèrent le baptême.   Les prophéties de Saint Vincent Ferrier sont nombreuses et précises. Il vit et annonça le retour du Christ pour “ bientôt ”, à manière de Saint Jean. Il annonça la venue d’un autre grand prophète Louis-Marie Grignon, semblable à lui, que certains croient être convertisseur de la Vendée et de la Bretagne.

            Saint Thomas montre enfin la nécessité pour l’apôtre de céder un dernier charisme qui lui permette de s’exprimer dans langue de ceux à qui il parle. C’est le don des langues, dont parle Saint Paul. Il est d’autre part nécessaire de saisir le sens de paroles qui sont dites, et c’est l’interprétation des discours. Saint Vincent Ferrier outre le latin, ne connaissait qu’une langue, un vieux patois de son pays, et il s’exprimait toujours dans ce dialecte. Or, de l’Allemagne à l’Espagne, chacun le comprenait. Ses paroles étaient miraculeusement traduites dans la langue de ses auditeurs, de la même manière qu’au jour de la Pentecôte pour Saint Pierre (1). Les témoignages confirment ces derniers prodiges sont innombrables, autant que les foules qu’il évangélisa. Depuis Saint Vincent, aucun homme dans l’Église ne posséda avec autant de plénitude les charismes donnés par Dieu pour convertir les cœurs. De nos jours, certains chrétiens s’efforcent de redécouvrir ces multiples dons de Dieu. Les communautés charismatiques les reçoivent en profusion, de la même manière que les premiers chrétiens. Elles sont devenues de ce fait, aujourd’hui dans l’Église les porte-drapeaux de la nouvelle évangélisation.

            Faut-il demander les charismes?

            Cette question est de la plus haute importance pour celui qui veut vivre en disciple de Jésus. Un vrai chrétien est un homme qui aime. Il aime d’abord Dieu, de tout son cœur, de toute son âme, et de toute sa force. Il l’aime plus que sa propre vie, et ne désire qu’une chose: être auprès de lui. Mais pour que l’Esprit Saint de Dieu vienne, il doit trouver un cœur doux et humble. Dieu ne vient jamais dans un cœur orgueilleux. Comment un chrétien pourrait-il avoir l’imprudence des demander pour lui des charismes? Ces dons merveilleux, rappelons le, transforment un homme en un apôtre de Dieu, ils l’exaltent et le rendent célèbre. La célébrité, la gloire ne coexistent que très rarement avec l’humilité. Il serait bien présomptueux de la part de celui qui aime dieu de se croire suffisamment humble au point de demander les charismes et de mettre en danger de cette manière son lien avec Dieu.

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(1) Voir Actes des Apôtres 2.

            Mais un chrétien est aussi un homme qui aime son prochain comme lui-même. Il désire pour ses frères non seulement les liens du corps, mais avant tout ceux de l’âme et en particulier le plus grand d’entre eux: Jésus. Il voudrait que tout homme connaisse la bonne nouvelle du salut. Or, pour convertir les cœurs, il faut des apôtres, et pour faire des apôtres, il faut les charismes donnés par Dieu.

            S’il est donc imprudent et présomptueux de demander pour soi les charismes, il est indispensable de les demander pour l’Église, de les demander pour les prêtres, pour les diacres qui ont le devoir de prêcher, de les demander pour les catéchistes et pour chaque chrétien que Jésus appelle à devenir apôtre. Si Dieu suscitait dans le monde d’aujourd’hui un seul de ces grands apôtres, comme Saint Paul, Saint Vincent Ferrier, Saint François Xavier, le monde entier convertirait son cœur à l’amour.

            Les charismes étant donnés pour le bien de l’Église, et non pour manifester la sainteté d’une personne, ils peuvent très bien être octroyés à des hommes qui ne sont pas saints. Ils peuvent être donnés à n’importe qui s’efforce de parler de Jésus. L’Évangile rapporte le scandale des disciples de Jésus devant cette magnanimité de Dieu: “ Maître, nous avons vu quelqu’un expulser les démons en ton nom, quelqu’un qui ne nous suit pas, et nous voulions l’empêcher, parce qu’il ne nous suivait pas. Mais Jésus dit: “ Ne l’en empêchez pas, il n’est personne qui puisse faire un miracle en invoquant mon nom et sitôt après parler mal de moi. Qui n’est pas contre nous est pour nous (1) ”.

            Il peut arriver que des hommes parlent de Jésus, non par amour mais pour leur propre gloire, et pour d’autres motifs encore moins nobles. Certains prêchèrent ainsi, pour se venger de Saint Paul, espérant lui attirer des ennuis en parlant en son nom. Même à ces hommes là, Dieu peut donner des charismes pour le bien de son Église. Le charisme n’a donc rien à voir avec la sainteté, et c’est si vrai que Jésus l’exprime lui même dans ce célèbre passage de l’Évangile: “ Ce n’est pas en disant: Seigneur, Seigneur, qu’on entrera dans le royaume de Dieu mais c’est en faisant la volonté de mon Père qui est dans les cieux. Beaucoup diront en ces jours là: Seigneur, Seigneur n’est-ce pas en ton nom que nous avons prophétisé? En ton nom que nous avons chassé les démons? En ton nom que nous avons fait bien des miracles? Alors, je leur dirai en face: Jamais je ne vous ai connus. Écartez vous de moi, vous qui commettez l’iniquité (2) ”.

            O Marie, conçue sans péché, envoie ces apôtres des derniers temps que tu as promis (3). Qu’ils enflamment le monde grâce aux charismes divins. Mais qu’ils soient aussi des saints, amoureux de Jésus, jusqu’à donner leur vie. 

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(1) Evangile de saint Marc 9, 38;

(2) Evangile de saint Matthieu 7,22;

(3) Voir Apparition de la Salette en 1848.

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