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Les croyances modernes de l’Occident 

CHAPITRE 2: La Réincarnation

 

            Un chrétien sur deux croit en la Réincarnation. Cette doctrine, nouvelle en Occident, fut importée dans les milieux populaires par plusieurs voies convergentes: la pratique du spiritisme au XIXe siècle, la découverte des religions de l’Inde et de la Chine au X. Avant de regarder l’enseignement de Jésus sur ce problème, il nous faut rechercher s’il n’en existe pas des preuves paranormales. Le premier témoignage me vient de la bouche d’un religieux du Prieuré Notre-Dame de Rimont en Bourgogne. Son frère marié et père de deux enfants âgés respectivement de 3 et 5 ans, avait décidé d’emmener toute la famille aux U.S.A.. Ils se promenaient dans les rues de New York, quand son fils cadet se précipita vers un passant en criant: “ Papa, papa ”.

            L’homme parut bouleversé et invita toute la famille à venir dans son appartement. Ils apprirent alors qu’il était veuf depuis 3 ans, depuis que sa femme et son fils de 8 ans s’étaient tués dans un accident de la route. Quant à l’enfant de 3 ans, il restait accroché à l’homme qu’il continuait d’appeler papa. On décida donc de pousser plu loin. Parmi des photos de femmes, on mélangea une photo de l’épouse décédée. On présenta le tout à l’enfant, qui se jeta sur la photo en criant: “ Maman, maman ! ”.

            Le deuxième témoignage est tiré de la religion du Tibet, le bouddhisme tantrique. Quand le dalaï-lama se fait vieux, il réunit son conseil pour annoncer la proximité de sa mort. Il donne alors le nom du village où ils devront le rechercher, car c’est là qu’il a décidé de se réincarner.

            Deux ans après la mort de leur chef spirituel, les moines se rendent au village indiqué, et cherchent parmi les garçonnets âgés de deux ans celui qu’ils considéreront comme sa réincarnation.

            Pour le reconnaître, ils amènent avec eux différents objets ayant appartenu au défunt: son chapelet et son bol, sa tunique et ses sandales, et bien d’autres choses. Ces différents objets doivent être reconnus par l’enfant alors qu’ils sont mêlés à des dizaines d’autres. Une seule erreur est éliminatoire.

            C’est ainsi que fut désigné, à l’âge de deux ans l’actuel successeur des dalaï-lamas, prix Nobel de la Paix en 1989. A propos de sa nomination, il se souvient: “ Si je ne peux pas affirmer avec certitude être la réincarnation de mon prédécesseur, je me souviens par contre qu’il n’est apparu plusieurs fois en rêve durant mon enfance ”.

            Ces deux témoignages sont saisissants. Certains n’hésitent pas à fonder sur de telles histoires leur foi en la réincarnation “ Comment expliquer autrement, demandent-ils, l’existence de souvenir chez de tout jeunes enfants? ”.

            Plusieurs théories sont donc enseignées, selon qu’elles sont prises à l’Hindouisme ou au Bouddhisme. Aux yeux de l’Hindouisme, celui qui fait le mal dans sa vie réincarne dans quelque chose d’inférieur à ce qu’il était. C’est une loi inexorable du Karma. Selon cette conception, l’enfant handicapé n’est pas à plaindre, puisqu’il subit les conséquences de ce qu’il fait dans son existence antérieure. Aux yeux du Bouddhisme, chaque réincarnation ne peut aller que dans le sens du progrès, jusqu’à la perfection totale, qui vient faire cesser le cycle des renaissances.

            Mais dans les deux cas, elle est considérée comme un mal, qu’il faut s’efforcer de fuir, pour rejoindre la paix définitive.

            Certains chrétiens, sensibles à l’injustice de ce monde, où les méchants sont comblés de biens, adhèrent à la première solution, qui leur paraît rétablir la justice.

            D’autres, refusant l’existence de l’enfer éternel, pensent que Dieu laisse une chance à chacun de recommencer ce qu’il a raté. La deuxième solution leur paraît correspondre à la bonté de Dieu. Avant de rappeler l’enseignement de l’Église en ce domaine, il n’est pas vain de se demander si Dieu est capable, par sa puissance, de réaliser une réincarnation. La réponse est bien évidemment “ oui ”: la Toute Puissance de Dieu ne saurait être mise en échec par n’importe quel miracle, du moment qu’il ne s’y présente pas une contradiction interne (par exemple, faire qu’un cercle soit en même temps un carré). La réincarnation ne présente pas de contradiction interne: Elle est simplement contre nature, ce qui signifie qu’elle ne pourrait se produire spontanément. Si elle se produisait, ce serait donc par miracle, et par un miracle plus grand que celui d’une résurrection. Il est, en effet, plus facile d’unir une âme à son propre corps (résurrection) que de l’unir à un autre corps (réincarnation). La réincarnation suppose de la part de Dieu l’octroi à l’âme d’un surcroît de vitalité, car elle n’est pas faite pour assumer un corps étranger.

            Malgré cela, malgré les semblants de preuves que nous avons décrits au début de ce chapitre, l’Église affirme, avec toute la force de son autorité, que la réincarnation n’existe pas. Son enseignement est clair: Il n’a jamais existé, et il n’existera jamais un seul cas de réincarnation, car Dieu a prévu quelque chose de bien plus grand pour ses enfants: la résurrection. Cet enseignement de l’Église présente même toutes les caractéristiques de l’infaillibilité. Un chrétien peut donc affirmer, appuyé sur la confiance en Jésus: “ Je crois en la résurrection de la chair ”, “ Je ne crois pas en réincarnation dans la chair ”.

 

Note:

            La réincarnation est une croyance nouvelle de l’occident. Elle ne s’est réellement introduite dans nos mentalités que depuis un siècle et demi. Certains soutiennent pourtant que l’Église des premiers siècles croyait en ce phénomène. Il faut remettre les choses au point: Le théologien Origéne est pratiquement le seul à avoir enseigné la métempsycose (1). Il fut d’ailleurs très vite condamné pour cette doctrine par divers Conciles.

            D’autres personnes pensent qu’on peut trouver dans l’Evangile des traces d’une foi en la réincarnation. Le texte suivant est souvent cité: “ Jean-Baptiste, c’est lui l’Elie qui doit venir ” (2). Jésus lui même prononce cette parole mystérieuse pour répondre à la question de ces disciples sur la nature de Jean Baptiste.

            On a déduit de ce passage que, si Jean-Baptiste est vraiment Elie revenu sur terre, c’est qu’Elie s’est réincarné. L’Église n’a jamais accepté une telle interprétation. Selon sa tradition la plus profonde, quand la Bible affirme que Jean-Baptiste est Elie revenu sur terre, elle veut signifier qu’il s’agit du retour de la “ spiritualité ” d’Elie. On appelle spiritualité la manière dont un homme ou une communauté vit sa foi. Jean-Baptiste a vraiment vécu de la spiritualité d’Elie puisque, comme lui, il a manifesté au monde avec puissance la présence de Dieu. En ce sens, on peut dire, qu’il est vraiment Elie revenu sur terre.

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(1) Transmigration des âmes en diverses existences;

(2) voir Evangile de Saint Matthieu 11, 14. Le retour d’Elie a été prophétisé par le prophète Malachie 3, 23.

 

            La loi du Karma, issue de la théorie hindouiste (voir plus haut) a été explicitement rejetée par Jésus. Cela se passait à Jérusalem: “ En passant, il vit un homme aveugle de naissance. Ses disciples lui demandèrent: “ maître, qui a péché, lui ou ses parents.pour qu’il soit aveugle? ”. Jésus répondit: “ Ni lui, ni ses parents, mais c’est afin que soient manifestées en lui les oeuvres de Dieu ”.

            En Israël, à cette époque, deux théories tentaient d’expliquer la souffrance. Dans les deux cas, on essayait d’en excuser Dieu en montrant qu’il s’agissait toujours de l’effet d’un péché précédent. Certains pensaient que les péchés retombaient sur les enfants, selon le proverbe “ Les parents ont mangé des fruits verts, et les dents des enfants en ont été agacées ”. D’autres affirmaient, s’inspirant des théories grecques de Platon, que l’enfant s’était lui même mal conduit dans une autre vie, Jésus rejette ces deux théories. Selon lui, la souffrance qui atteint cet aveugle n’a pas d’autre cause que la fragilité de la matière. Mais toute souffrance de ce type peut servir à la gloire de Dieu, si elle est vécue par amour pour lui.

            Quant à la deuxième théorie, celle qui s’inspire du bouddhisme, elle semble être contredite par l’expérience. Comment affirmer qu’il existe un réel progrès moral de l’Humanité en ce XXe siècle, qui a fait, à lui seul, plus de morts par la guerre que toute l’histoire de l’humanité? Comment affirmer que nous sommes plus sages que nos ancêtres. L’argent, le plaisir et les honneurs demeurent plus que jamais les valeurs suprêmes du monde. La réincarnation ne semble avoir en rien fait progresser les choses. Ce n’est d’ailleurs pas étonnant: comment Dieu pourrait il espérer un réel progrès en réincarnant les hommes, si ceux-ci ne gardent aucun souvenir de leurs erreurs passées? Il ne peut y avoir de progrès moral sans expérience. Ainsi, si Dieu, dans sa sagesse, avait voulu passer par cette méthode pour purifier ses créatures, il aurait maintenu intacte leur mémoire.  

            Certains objectent à cela qu’il est possible de remonter le cours de ses existences antérieures, par des méthodes relevant de l’hypnose ou du spiritisme. Il faut être clair: Ces deux méthodes n’ont aucune valeur scientifique: Celle qui utilise l’hypnose a donné trop de réincarnations de Napoléon Ier ou d’Alexandre le Grand pour être prise au sérieux. Elle ne fait que rendre conscients les vieux rêves qui sommeillent en nous. Quant à celle qui utilise le spiritisme (l’invocation des esprits supérieurs), si elle donne des résultats extraordinaires des récits de vies dont on peut vérifier l’authenticité, elle s’appuie pour cela sur des autorités douteuses et menteuses (1). La réincarnation pose davantage de problèmes qu’elle n’en résout. Celui qui y croit se condamne à ne plus jamais revoir ceux qu’il a aimé dans une existence présente. Il devient une étincelle de vie neutre, dont la personnalité change de vie en vie.

            Comment expliquer, malgré cela, l’engouement des chrétiens pour cette doctrine? J’y vois malheureusement deux causes. La première me paraît la plus grave: C’est la perte générale du goût de Dieu. L’espérance des chrétiens n’est plus pour le ciel, mais pour la terre. Ils ont oublié la valeur sublime de la promesse de Jésus qui faisait vibrer d’espérance les premiers martyrs: “ Dans la maison de mon père, il y a de nombreuses demeures. Je vais vous préparer une place, et je vous prendrai près de moi (2) ”. Les chrétiens n’aiment plus assez Dieu. Voir son visage ne suscite plus l’enthousiasme. Ils préfèrent donc revenir sur terre où la vie ne leur semble pas si mal.

            La deuxième cause est à mettre au compte des théologiens des universités de formation. A force d’affirmer qu’on ne sait pas exactement ce qui se passe après la mort, à force de réduire l’enseignement de l’Église et des saints à de simples opinions, ils ont laissé un vide que chaque fidèle essaie de combler par ses propres moyens. A forces d’affirmer qu’un chrétien est fait pour changer ce monde avant de penser au monde de l’au-delà, ils ont fait de la sagesse chrétienne une forme religieuse du combat social.

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(1) Relire le chapitre consacré au spiritisme. Il montre que les esprits qui provoquent ce phénomène sont souvent des démons;

(2) Voir Evangile de Saint Jean 14, 2.

            Or, la sagesse chrétienne est plus que cela: Elle est la porte ouverte par Dieu sur le coeur même de son amour.Elle est un torrent qui jaillit en vie éternelle. Mère Thérèsa n’est-elle pas le modèle de l’action sociale? Ses soeurs sont débordées de travail, et malgré cela, elle a imposé dans leur règle une heure de prière silencieuse en plus. Elle a compris que la source de tout amour est en Dieu. Il est donc urgent que les prêtres parlent de nouveau de la mort et de ce qui la suit, qu’ils proclament la vraie nature du Jugement dernier, qu’ils annoncent partout que les disciples du Christ n’ont pas à craindre la réincarnation, parce que le Seigneur a inventé une forme beaucoup plus belle, beaucoup plus respectueuse du salut: “ Nous serons jugés sur l’amour ”. Cette forme de salut rend inutile la réincarnation. Dieu est capable de réaliser un jugement parfaitement juste, au-delà des aléas du destin terrestre de chacun: “ Bienheureux les assoiffés de justice, ils seront rassasiés ”.

            Qu’il s’agisse d’un nourrisson mort avant d’avoir grandi, d’une prostituée soumise à la honte à cause de la misère, d’un handicapé, d’un pauvre ou d’un riche, l’essentiel est cet acte d’amour au moment de la mort. Il suffit d’aimer (1). Il suffit d’aimer pour recevoir de la part de Dieu une mesure bien pleine, bien tassée de bonheur, et d’un bonheur qui est inimaginable pour celui qui ne l’a pas vécu. Ce bonheur ne fera pas de jaloux, car il sera parfait pour chacun.

            Tout cela se terminera par la résurrection de la chair. Nous retrouverons notre propre corps, débarrassé de ses imperfections. Quant à ceux qui auront choisi la damnation, ils l’auront fait avec entière liberté. Nous nous réjouirons de la bonté de Dieu, de sa grandeur, qui laisse à sa créature le droit de le rejeter.

            Que penser maintenant des deux témoignages rapportés au début de ce chapitre. Comment expliquer l’existence de souvenirs chez les enfants, chez le Dalaï-Lama lui même? Au plan purement philosophique, la réincarnation demeure une hypothèse possible, mais elle n’est pas la seule. La philosophie chinoise permet d’établir d’autres tout aussi valables. Quand elle parle de l’existence d’un corps astral, sorte de charge énergétique où sont condensés les souvenirs d’une personne, quand elle affirme la possibilité d’une survie momentanée de ce corps astral (2) après la mort, elle ouvre la porte à la possibilité d’une contamination avec le psychisme d’un nouveau né. Rien n’empêche qu’à sa naissance, un enfant reçoive inconsciemment, et par contamination les souvenirs d’un être qui meurt au même moment. Il n’y aurait pas lors à parler de réincarnation, mais de récupération par l’enfant d’un mo psychique qui n’est pas le sien (et qu’il oublie d’ailleurs assez vite).

            Quant au Dalaï-Lama, la religion dont il est le chef semble trop belle pour ne pas recevoir l’aide de Dieu et de ses anges. Dieu ne réserve pas ses interventions à l’Église, mais à tout mouvement religieux, qui peut réaliser du bien dans le coeur des hommes.

            Pour étayer la croyance en la réincarnation, certaines personnes mettent en avant l’expérience commune à beaucoup, d’avoir connu un lieu où l’on passe pour la première fois, d’avoir déjà vécu une scène. Une telle expérience peut trouver des explications naturelles. Certains psychologues ont montré qu’il peut arriver, lorsqu’on passe dans un lieu, que l’on perçoive les choses extérieures à que la conscience ne les ait saisies. Le court décollage entre ces deux perceptions, dont la première est inconsciente, peut expliquer un phénomène de “ déjà vu ”.

Dans d’autres cas, on peut avoir affaire à un véritable rêve prémonitoire (3), dont le souvenir demeure au fond de la mémoire, et qui resurgit avec toute sa netteté au moment où la scène se déroule devant les yeux. Ce phénomène manifeste alors encore I’action et la présence des anges.

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(1) Relire à ce sujet le chapitre consacré au jugement dernier. Si j’insiste ici sur l’infinie miséricorde de Dieu qui est prêt à pardonner jusqu’à la fin, il ne faut pas oublier sa justice. Ce serait donc une erreur de pécher toute sa vie en se disant que Dieu pardonnera. Aimer Dieu est chose difficile quand on n’a pensé qu’à soi toute sa vie;

(2) Voir le chapitre sur la décomposition et celui sur les revenants;

(3) Voir ce qui concerne les prémonitions.

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