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Où l’on parle des anges, des démons et des esprits des morts           

CHAPITRE 8: Les extases ou le ravissement

 

            Sainte Bernadette, quand elle vit la Vierge Marie, fut saisie par une extase d’une telle intensité qu’elle semblait hors du monde. Elle tenait un cierge dont la flamme vint lécher, pendant un long moment, la paume d’une de ses mains. A la fin de l’apparition, les médecins eurent beau chercher, ils ne virent aucune trace de brûlure. L’extase est un phénomène, que beaucoup considèrent comme le signe de la présence de Dieu. Ils ont tort, et l’Église se montre bien plus prudente qu’eux. Les extases accompagnent pourtant la plupart des apparitions authentiques. La cause en est simple: pour rencontrer les habitants de l’autre Monde, l’esprit doit en quelque sorte quitter ce Monde ci, s’en abstraire. L’esprit et la sensibilité doivent donc être ravis au-dessus de leur niveau habituel de perception. Les Prophètes de la Bible décrivent ce phénomène: “ L’Esprit m’enleva entre Ciel et Terre, et m’amena à Jérusalem dans les visions de Dieu ” (l). Certaines extases sont absolues, en ce sens que la personne ne voit plus rien et n’entend plus rien de ce monde. Saint Paul connut le jour de sa conversion un tel ravissement: “ Il faisait route et approchait de Damas, quand soudain une lumière venue du ciel l’enveloppa de sa clarté. Tombant à terre, il entendit une voix qui disait: “ Saül, Saül, pourquoi me persécutes-tu? ”

“ Qui est tu Seigneur? demanda t-il ”.

“ Je suis Jésus, que tu persécutes ”

La vision de cette lumière bouleversa Saint Paul au point de faire de lui le plus grand apôtre de l’Église. Quatorze ans plus tard, en en parlant, il dira avoir été élevé dans le troisième ciel. Le troisième ciel est, selon Saint Thomas, le domaine des visions purement intellectuelles, c’est-à-dire celui des visions les plus élevées que puisse connaître un homme sur cette terre. Pour voir cette Lumière, l’homme doit être à un tel point abstrait de son corps qu’il ne sent même plus (l) qu’il en a un: “ Etait-ce avec mon corps, était-ce sans mon corps? Je ne sais ” dira Saint Paul.

             Saint Jean, lui aussi, connut une extase totale: “ Moi, Jean, votre frère et votre compagnon dans l’épreuve la royauté et la constance de Jésus. Je me trouvais dans l’île de Patmos, à cause de la parole de Dieu et du témoignage de Jésus. Je tombais en extase, le jour du Seigneur, et j’entendis une voix clamer derrière moi, comme une trompette. Ce que tu vois, écris-le dans un livre, pour l’envoyer aux sept Églises. C’est ainsi que débute le livre de l’Apocalypse (2). Les visions de saint Jean sont toutes d’ordres symboliques. Il les reçut dans son imagination (et non dans son intelligence comme saint Paul) à la manière d’un film qui défilait devant lui. Saint Thomas d’Aquin appelle une telle élévation le deuxième ciel. L’extase y est nécessaire pour que les visions envoyées par Dieu ne soient pas confondues avec la réalité habituelle.

            La plupart des apparitions de la Vierge se situent à ce niveau. Dieu, par ses anges, élève les facultés sensibles des voyants, pour les rendre capables de voir, d’entendre à des degrés supérieurs à la normale. Ils voient donc la Vierge, alors quelle est invisible aux autres. Mais cette extase sensible a pour effet de rendre le monde habituel invisible aux voyants. Ils sont alors plongés dans une autre dimension du sensible. Bernadette connut de telles extases à Lourdes.

 (1) Ezechiel 8, 3;

(2) Apocalypse 1, 9.

            Certaines apparitions ne nécessitent pas une extase, car Dieu s’abaisse à les produire dans notre mode habituel de connaissance. C’est ainsi que Daniel, l’un des prophètes de la Bible, vit, avec de nombreux témoins une main apparaître et écrire sur un mur la condamnation d’un roi (1). C’est ainsi que les foules de Fatima virent le soleil danser sur lui même, émettant dans toutes les directions des éclats multicolores. La célèbre apparition de Pontmain, en Mayenne, est de ce type (*). Deux enfants, Eugène et Joseph Barbedette, étaient en train de préparer du fourrage pour la jument. Il était 17 heures le 7 Janvier 1871. La guerre battait alors son plein, et les Prussiens assiégeaient Paris. Eugène sortait de la grange, quand il remarqua, de l’autre côté de la route, au-dessus de la maison de la famille Guidecoq, à six mètres environ du toit, une Dame souriante, qui semblait flotter dans le ciel. Ses bras étaient ouverts, et elle était vêtue à l’orientale: elle portait une robe bleue, avec de grandes manches, parsemée d’étoiles d’or, et un large manteau. Elle avait sur la tête un voile noir sur lequel était posée une haute couronne en or. Après avoir contemplé l’apparition pendant quelques minutes, le garçon appela Jeannette, une femme du pays, qui passait par là. Il lui dit de regarder en haut, pour admirer la Dame. Mais la femme ne vit rien. Seul Joseph, que son frère avait également appelé, eut la même vision qu’Eugène. Leur père tenta à son tour de se rendre compte de ce qui se passait et ne vit rien. Seuls les enfants du village verront la fin de l’apparition. Seuls, ils liront le message laissé par la Vierge: “ Mais, priez, mes enfants, Dieu vous exaucera en peu de temps: mon fils se laisse toucher ” (**).

            L’apparition dura trois heures un quart, sans qu’aucun état extatique ait été constaté chez les enfants. Ils voyaient à la fois la Vierge et les adultes qui l’entouraient, comme si ces deux mondes n’en faisaient qu’un. Au jugement de l’évêque en 1872, puis de l’Église en 1920, leur vision fut reconnue comme authentique. Saint Thomas aurait dit qu’ils avaient atteint le premier ciel, c’est à-dire un état de vision prophétique n’atteignant que leurs sens externes.

            L’extase, quand elle se produit, s’accompagne généralement de phénomènes secondaires vérifiables: le corps devient impassible. Les voyants de Garabandal (apparition non encore reconnue par l’Église) pouvaient tomber à genoux. Sur des rochers tranchants sans qu’aucune trace de coupure ne marque leurs genoux. Le corps devient pesant, à cause de son lien indissociable avec l’apparition:plusieurs hommes forts n’arrivent pas à déplacer un enfant témoin d’une apparition. Le corps peut devenir au contraire agile (lévitation): les enfants de Garabandal montaient en courant vers le lieu de l’apparition, sans éprouver le moindre essoufflement, la moindre fatigue, la moindre transpiration. Ils épuisaient les plus robustes, qui s’efforçaient de les suivre. Le corps devient parfois lumineux. Il dégage une beauté surnaturelle, qui semble venir en droite ligne de la beauté de la vision contemplée. Les enfants de Medjugorje (Yougoslavie) ont des expressions dans leurs extases, que la photographie elle-même n’arrive pas à rendre.

 

 (1) Daniel 5;

(*) Elle se produisit sans extase, puisque les enfants voyaient à la fois la Vierge et les gens qui l’entouraient. Elle fut sans doute causée par l’impression d’une image dans l’oeil des voyants. En effet, si la Vierge était apparue réellement dans le ciel de cette manière, il est probable que tout le monde l’aurai vue.

(**) Dans cette région du Nord-Mayenne, le mot Mais isolé ou en début de phrase, est encore utilisé, non comme une conjonction, mais comme une interjection, comme, par exemple, pour rendre un enfant qui fait quelque mouvement indésirable. Le sens n’est pas le même que dans le reste de la France. Une mère prononce par exemple, le mot mais, comme avec un point d’exclamation. On entend même certains anciens paysans commencer leurs phrases par l’interpellation: “ Mais pardon, Monsieur... ”.

 

            En résumé, une extase religieuse rend la personne entièrement et viscéralement liée à la vision dont elle est témoin. Elle est comme saisie par elle.

            L’Histoire de l’Église et les témoignages des philosophes manifestent malheureusement l’existence d’extases dont l’origine est bien différente. On sait de nos jours qu’il est possible de bien des manières de provoquer à volonté des états où la personne semble sortie d’elle même, pour un monde autre. Ces extases naturelles plongent dans un monde imaginaire, et leurs conséquences sont toujours négatives (l).

 

 

 (1) Ces extases négatives peuvent être provoquées par des moyens naturels ou artificiels. Elles sont négatives, car elles sont excessives et brisent l’équilibre psychique.

            Des mouvements comme le New Age ont su, par contrôle scientifique, éliminer ce qu’elles ont d’excessif, retrouvant de cette manière les anciennes sagesses bouddhiques de la paix psychique.

            Malheureusement, le New Age, en se proclamant religion de l’avenir, en s’exaltant au-dessus de toutes les religions au non de cette découverte, en séduisant les masses par des arguments pseudo-théologiques, ne fait que supprimer un peu plus la présence de Dieu dans les coeurs. Il la remplace par un Nirvana où Dieu n’est pas.
            Certaines drogues provoquent uniquement le plaisir. D’autres, au contraire, sont capables de faire voyager dans un monde nouveau où tout est beau. Le toxicomane est alors plongé dans des jardins magnifiques, des paysages grandioses, où il voudrait toujours rester. Une fois sorti de son voyage, le souvenir du bonheur éprouvé l’encourage à recommencer, l’entraînant dans un cycle de fuite du réel de plus en plus indispensable. Il s’agit d’une véritable extase, et d’un ravissement hallucinatoire. D’autres méthodes permettent un résultat quasi-analogue: L’Afrique traditionnelle maîtrise les rythmes du tam tam. Elle sait qu’un rythme judicieux, accompagné de tout le corps par la danse, peut conduire à un état de transe extatique. La personne est hors d’elle-même. Les traditions populaires prétendent qu’un tel état favorise la manifestation des esprits des morts.

            Des extases naturelles peuvent être provoquées par une pratique mal orientée de la prière. Les mouvements charismatiques modernes ont parfois été confrontés de telles aberrations: tout jeune converti, en découvrant la présence du Seigneur, reçoit de lui des effusions sensibles. La prière des débutants est pratiquement toujours accompagnée de ce plaisir sublime, qui rend l’oraison facile et légère. Dieu, par ce moyen, ne vise qu’à ancrer à jamais son enfant dans le désir de s’approcher de lui. Malheureusement, certaines personnes mal conseillées finissent par s’attacher davantage à ce plaisir qu’a Dieu Lui-même. A leurs yeux, une oraison non accompagnée de cette exaltation sensible leur parait une mauvaise oraison. Ils en finissent par oublier que le seul Bien est Dieu, que le seul but est de l’aimer, dans la douleur ou dans la joie.

            A force de chercher fiévreusement le plaisir ressenti aux moments les plus marquants de leur rencontre avec Dieu ils finissent par découvrir qu’il est possible d’exalter à volonté sa sensibilité. Ils le font inconsciemment, confondant leur propre action sur leur corps avec la présence de Dieu. Or, il ne s’agit que d’une technique, en rapport avec la respiration, et conduisant à une certaine tension sur la poitrine et sur le cerveau. Dans les cas les plus fréquents, il en résulte un état-quasi permanent de bouillonnement sensible. Dans certains cas rares, on assiste à des transes, à des comportements exaltés, parfois à des convulsions ou même des hallucinations. Il s’agit d’une véritable maladie, dont les conséquences touchent aussi l’esprit. L’Église n’a cessé de mettre en garde contre l’illuminisme qui guette les spirituels. Il s’agit de cette fausse certitude, appuyée sur I’expérience sensible de ce qu’on croit être Dieu, d’être immédiatement en contact avec l’Au-delà. Aux yeux des illuminés, l’Église et sa prudence sont inutiles et gênantes puisqu’on est persuadé d’être immédiatement instruit par Dieu.

            Ces extases psychologiques ouvrent très souvent la voie à l’action du démon. L’Abbaye de Port-Royal fut jadis confrontée, à ce problème: certains illuminés, après avoir exalté leur sensibilité, furent victimes de convulsions. On s’aperçut vite de la présence du démon à cause de l’efficacité des exorcismes pratiqués. Comme dans presque tous les cas de phénomènes psychologiques aberrants, le démon trouve un terrain tout préparé à son action. C’est la raison pour laquelle les sorciers africains ou vaudous aiment à provoquer des états de transe, pour faciliter la venue de l’esprit qu’ils invoquent. Le Père Régimbald a récemment dénoncé des pratiques modernes analogues dans des concerts de Hard-Rock. On a pu constater que certains rythmes de batteries étaient capables, aidés par l’ambiance d’une salle échauffée, de conduire dans de tels états. Chez des sujets fragiles, particulièrement sensibles aux influences musicales, la transe peut s’orienter vers des aberrations d’ordre sexuel, antisocial ou encore vers une exaltation de la violence, du désir de prendre de la drogue ou de se suicider. Le Père Régimbald montre que certains concerts, après cette préparation psychologique, entrent dans une phase autrement dangereuse. Les chanteurs se livrent ouvertement à des rites d’invocation des esprits: messes noires, parodies de sacrifices d’animaux. Ceux qui, dans le public, sont déjà saisis par la transe, semblent entièrement dépendants de la volonté des chanteurs. Ils obéissent parfois à leurs ordres les plus cachés, que le Père Régimbald appelle “ des messages subliminaux ”. Il s’agit d’ordres codés sous de vers de chansons apparemment anodines. Une des chansons du groupe Led Zeppelin, “ Stairway to Heaven ”, contient le vers suivant: “ Lorsque je regarde vers l’Ouest, mon esprit crie pour s’en aller ”. En passant le disque à l’envers, le message est distinct: “ Parce que je sais qu’ils doivent se suicider pour Satan ”.

             Selon le Père Régimbald, les suicides qu’on a pu constater chez des jeunes durant des concerts de Led Zeppelin, s’expliquent par une influence psychologique inconsciente sur l’esprit de celui qui est en transe. L’esprit aurait le pouvoir de retourner par lui même la phrase prononcée par le chanteur.

            Une telle hypothèse, si elle est valable pour ceux qui connaissent un peu d’anglais, n’explique pas les suicides de personnes étrangères à la langue. L’inconscient n’a pas la puissance de comprendre une langue totalement inconnue (1), surtout quand le message est mis à l’envers.

Nous sommes apparemment devant une tout autre cause d’ordre satanique, une nouvelle forme de sorcellerie (2) moderne dont il est indispensable de se méfier, surtout si l’on est fragile de tempérament, et impressionnable.

 (1) Car le langage des hommes est entièrement conventionnel, et donc sans rapport avec les profondeurs de l’inconscient;

(2) Rappelons que le démon aime, dans les pratiques de sorcellerie, instaurer des parodies de sacrements. Quand le prêtre prononce à la messe cette parole: “ Ceci est mon corps ”, Dieu transforme le pain en la présence réelle de Jésus. De même, quand le chanteur, adepte de sorcellerie, prononce les vers parlant de suicide, le démon pousse aux suicides ceux qu’il tient sous son influence.

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