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Où l’on parle des anges, des démons et des esprits des morts           

CHAPITRE 3: les esprits des morts: Leurs états et leurs rapports

 

            Nous avons déjà esquissé quelques traits de ce qui attend notre esprit après la mort (1). Il nous faut maintenant prolonger cette explication. Où sont nos morts? Peuvent-ils intervenir auprès de nous?

            Rappelons que, d’après l’Église, au moment de la mort se fait la séparation totale de l’âme et du corps, la personne est amenée à choisir d’une manière définitive entre deux voies: celle de l’orgueil ou celle de l’amour. Tout ce qu’elle a fait dans sa vie passée pèse lourdement comme un conditionnement qui l’élève vers l’amour ou qui l’élève vers la révolte. Mais ce n’est qu’un conditionnement; L’acte définitif, le jugement dernier ne peut être posé qu’à cet instant car la liberté est totale: L’intelligence, en effet, est parfaitement éclairée sur le sens de ce choix, la volonté est forte, à l’image de celle des anges, car le corps et ses passions ont disparu. A cause de cette liberté totale, le choix ultime, fruit de toute une vie, est définitif: Celui qui choisit l’enfer sait, tout Comme l’ange, ce qu’il fait. L’amour égoïste de lui même dont il a vécu toute sa vie, lui parait un bien suffisamment grand pour devenir son bien ultime. Jamais un tel être ne sortira de l’enfer, car jamais il ne le voudra. C’est le mystère de l’orgueil et cet orgueil doit être bien grand, chez les damnés, pour les avoir rendus capables de rejeter face à face le cri, l’appel de Jésus entendu à l’instant de la mort “ j’ai soif de toi ”.

            Saint Thomas d’Aquin précise que ce péché ultime, ce péché contre l’Esprit Saint qui est amour peut prendre plusieurs grandes formes: Refus de croire malgré l’évidence; Refus d’espérer le bonheur éternel proposé ou, au contraire, présomption qui prétend atteindre la vision de Dieu par ses propres forces, sans devenir petit; envie face au bonheur de ceux à qui nous avons fait du mal pendant notre vie; Impénitence par rapport à ses péchés passés.

            Mais l’unique racine de tout cela, c’est l’amour de soi établi en absolu, autrement dit l’égoïsme.

            Dieu ne damne donc personne, Dieu ne juge personne. Ce sont nos propres actes qui nous jugeront. Nous ne savons pas s’il y a un seul être humain en enfer. Nous ne savons pas si Hitler y est. Un acte de repentir, à l’instant de sa mort suffit pour que Dieu pardonne à son bien-aimé. Mais l’existence de cet acte est peu probable chez celui qui ne l’a jamais fait au cours de sa vie terrestre.

            Ce que nous savons, c’est que l’homme qui fait de lui-rnême son Dieu se damne, se retrouve seul. Il n’y a pas d’amour en enfer, sauf l’amour égoïste de sois-même. C’est aussi un lieu brûlant, affirmé par la Bible, un lieu ou le vers rongeur du remords ne s’arrête jamais, Le mystère de ce vers rongeur, c’est le souvenir lancinant de la rencontre avec Jésus à l’heure de la mort, le souvenir de ce regard d’amour que le damné a méprisé, et continue de mépriser, mais qu’il n’oubliera jamais. Les âmes qui sont en enfer sont incapables de lier le moindre contact avec nous. Les évangiles en témoignent avec force: “ Entre nous et vous a été fixé un grand abîme, pour que ceux qui voudraient passer d’ici chez vous ne le puissent pas et qu’on ne traverse pas non plus de là bas chez nous ” (2).

            Saint Thomas d’Aquin en explique la raison: L’âme humaine, quand elle est séparée de son corps, n’a plus aucun moyen naturel de communiquer avec le monde des vivants. Elle ne dispose pas, comme les esprits angéliques, d’une puissance spirituelle par rapport au monde matériel. Le corps qui jouait ce rôle durant la vie a disparu. Elle se retrouve donc dans un autre monde et ne sait pas ce qui se passe dans le nôtre. Si un contact se réalise, ce ne peut être que par l’aide d’un intermédiaire, Dieu ou ange. Une telle remarque, on le verra, aura d’importantes conséquences pour la question de la nécromancie (contact avec les morts).

 

 (1) Relire le chapitre 3 de la section 4;

(2) Voir évangile de saint Luc XVI, 26.

            Mais que deviennent ceux qui, lors du jugement dernier, choisissent Dieu? Leur choix est doté de la même qualité de liberté et de lucidité que celui des damnés. Il est donc, de la même façon, définitif. Mais, à la différence des anges lors de leur propre jugement, certaines âmes sont incapables d’être introduites immédiatement dans le bonheur de Dieu: Il reste en elles quelques taches d’égoïsme, quelque attachement à elles-mêmes qui les retient de se livrer à I’action de Dieu.

            Or Dieu est comme un cristal très pur. Personne ne peut contempler un cristal si son oeil est souillé d’impureté. L’âme, consciente de ce poids qui l’éloigne de Dieu, accepte avec joie d’être purifiée. Le purgatoire, selon Sainte Catherine de Gène, connaît plusieurs étapes. Mais ce qui caractérise toutes les âmes qui le subissent, c’est leur sainteté: Toutes sont amoureuses de Dieu et désirent le contempler face à face. Le purgatoire n’est autre chose que la souffrance terrible, pour celui qui aime, d’être séparé pour un temps de son bien-aimé. “ J’ai cherché, celui que mon cœur aime, je ne l’ai pas trouvé. Je l’ai appelé mais il n’a pas répondu ” (2). Nous ne pouvons imaginer la souffrance des âmes du purgatoire. Elle dépasse tout ce qui existe sur terre car elle est à la mesure de leur désir de Dieu.

            Certaines âmes, plus grossières, peu habituées à l’amour, mais tout de même désireuse de Dieu, sont dans la première étape du purgatoire: Elles apprennent à découvrir, petit à petit, la vanité des biens terrestres. Une certaine tradition n’hésite pas à affirmer que cet apprentissage peut se faire sur le lieu même ou elles ont péché. Nous étudierons cette théorie dans le chapitre consacré aux revenants.

            Une deuxième étape du purgatoire est réservée aux progressants dans l’amour: S’ils ont encore â lutter contre un certain égoïsme en eux, leur cœur aspire de plus en plus après l’amour de Dieu, qui leur apparaît comme l’unique bien.

            Une troisième étape que Sainte Catherine de gènes appelle le “ parvis du ciel ”, n’est autre que le purgatoire des parfaits: le péché n’a plus aucun attrait pour eux et ils gémissent tant leur cœur désire leur Bien-Aimé. Comme une flamme, cette souffrance achève de les purifier. Elles peuvent alors se fondre dans la vision de Dieu, Pére-Fils et Saint Esprit, leur unique bonheur.

            Quelque soit leur degré de progression, les âmes du purgatoire sont par rapport à nous dans le même état que celles de l’enfer. Elles n’ont pas la possibilité de nous voir, de la même façon que nous ne pouvons pas les voir. Elles ne peuvent a fortiori nous contacter. Là encore, un intermédiaire leur est nécessaire, qu’il soit Dieu lui-même ou un ange. Quand nous prions pour les âmes du purgatoire, les bienfaits de nos demandes sont portés par les anges jusqu’à elles mais ne les atteignent pas directement.

            Une exception toutefois semble devoir être faite pour les âmes de la première demeure. Cette tradition qui affirme qu’elles se purifient sur le lieu même de leur péché pose problème (3).

             Quant aux âmes du paradis, leur état est très différent: elles sont plongées en Dieu et elles contemplent sa substance face à face, sans aucun intermédiaire. Leur bonheur est parfait.

            Saint Thomas d’Aquin précise qu’elles voient, dans la substance même de Dieu, tout ce que nous faisons sur la terre: Elles nous voient avec le regard même de Dieu. Elles savent donc ce que nous faisons à chaque instant. Peuvent-elles nous contacter ou nous apparaître? Oui mais elles ne le font que si Dieu le désire car elles ne désirent rien en dehors de sa volonté. Leurs apparitions sont donc parfaitement possibles mais elles sont rares car ces âmes ont compris la raison qui pousse Dieu à être discret à notre égard: Le mystère de la foi. “ Bienheureux celui qui croit sans avoir vu ”. Celui qui croit est grand aux yeux de Dieu car son attitude est celle d’un enfant. Il fait confiance et cette confiance le mènera droit au ciel à l’heure de sa mort.

 (1) Voir Évangile de Saint Luc 16, 26;

(2) Cantique des Cantiques 5, 6.

(3) Voir chapitre 9: les fantômes et les revenants.

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