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LES CAUSES DU PARANORMAL

3- Les hommes et le monde visible

 

            Dieu est amour: Il ne s’est pas arrêté dans sa création. La révolte de ses anges ne le décourage pas et il se lance dans la réalisation de sa plus belle oeuvre, l’homme. Dieu dit: “ Faisons l’homme à notre image, à notre ressemblance ”. Ce fut le sixième jour[1].

            L’Eglise, là encore, nous aide à mieux comprendre le mystère. Sa méthode est tout autre que celle de la science. Elle ne s’appuie pas sur les vestiges du passé mais sur la parole de Celui qui en fut le témoin puisque c’est son oeuvre. Le texte Biblique à lui seul est très difficile à lire car tout s’exprime par mode de symbole. Comment discerner dans ces paroles ce qui a un sens historique? Là encore, l’Esprit Saint nous vient en aide par la voie solennelle du Magistère de l’Eglise. Voici les quelques points qui font partie de la foi catholique:

 

            1) C’est Dieu lui-même qui a créé l’homme et la femme et leur a insufflé une âme spirituelle et immortelle;

 

            2) Les noms d’Adam et Eve, malgré le sens symbolique, désignent un homme et une femme réels, nos premiers parents.

 

            3) Adam et Eve furent créés parfaits: à cause de leur place de premiers parents de tous les hommes, Dieu leur communiqua des dons naturels et des dons préternaturels[2]. Ils reçurent aussi la grâce surnaturelle qui les rendit tout proches de Dieu. Cette grâce s’appelle la grâce originelle.

           

4) Le démon s’approcha d’eux et les séduisit; Ils se révoltèrent contre Dieu et perdirent en conséquence la grâce originelle et les dons préternaturels qui l’accompagnaient.

           

5) Etant responsables de l’humanité aux yeux de Dieu, ils séparèrent de Dieu par leur péché toutes les générations qui devaient naître d’eux. C’est le péché originel[3].

 

            Le pape Paul VI, dans le Credo qu’il donna à l’Eglise en 1968 écrit: “ Nous croyons qu’en Adam tous ont péché, ce qui signifie que la faute originelle commise par lui a fait tomber la nature humaine, commune à tous les hommes dans un état où elle porte les conséquences de cette faute et qui n’est pas celui où elle se trouvait d’abord en nos premiers parents, constitués dans la sainteté et la justice et où l’homme ne connaissait ni le mal ni la mort. C’est la nature humaine ainsi tombée, dépouillée de la grâce qui la revêtait, blessée dans ses propres forces naturelles et soumises à l’empire de la mort, qui est transmise à tous les hommes et c’est en ce sens que chaque homme naît dans le péché ”.

 

L’Eglise ne sait pas exactement comment Dieu s’y prit pour préparer, sur des millions d’années, la terre. Elle laisse à la science le soin de découvrir cela. Tout ce qu’elle sait, c’est que sa main fut là pour façonner pas à pas, nuance après nuance, un lieu pour l’homme. Les anges eurent certainement un rôle dans l’organisation grandiose de l’univers, vu leur pouvoir réel sur la matière. Dieu se sert d’intermédiaire aussitôt qu’il le peut. Le texte de la Genèse a peut-être une certaine valeur scientifique. Ce n’est pas à l’Eglise d’en décider car cela a peu d’importance pour ce qui l’intéresse, à savoir la foi. La science, en progressant, nous éclaire là dessus. Comment Dieu fit-il le corps de l’homme? Prit-il un singe qu’il ennoblit d’une âme spirituelle? Prit-il de la terre pour en façonner une oeuvre toute nouvelle? Les deux thèses ont été défendues et c’est sans doute la science génétique qui tranchera définitivement, dans quelques dizaines d’années, le débat sur l’évolution.

 

            L’essentiel est que ce corps devint le réceptacle où Dieu dépose un esprit. La science moderne peut nous aider à toucher du doigt l’infinie sollicitude de Dieu pour l’homme: des milliards d’années de gestation, des sommes colossales d’énergie cristallisées en des milliers d’univers, des galaxies aux dimensions gigantesques et un soleil qui brille faiblement sa lumière pour quelques grains de poussières. Sur l’un d’eux, la Terre, Dieu déposa avec précaution son chef-d’œuvre: par son esprit, l’homme devint le centre et la finalité de l’univers entier. C’est parce qu’il a un esprit qu’il se trouve placé bien au-dessus de ces mondes immenses mais sans âme. L’esprit est cette flamme divine qui fait d’un animal une personne et de cette personne un être capable de voir Dieu. L’expérience et la philosophie ne peuvent que constater l’existence en l’homme de quelque chose de plus que l’animal. L’intelligence animale, enchaînée au sensible, est incapable de se poser les grandes questions. Un animal est heureux quand sa vie matérielle et sensible est comblée. L’homme, au contraire, n’a de paix que s’il comprend ce qu’il fait sur terre. Tant qu’il n’a pas trouvé la réponse, il erre. Cette interrogation perpétuelle, dont témoigne l’art, les religions et les sciences, est l’effet premier de l’existence en lui d’une intelligence faite pour tout connaître et d’une volonté* faite pour un amour infini.

           

La théologie des phénomènes paranormaux d’origine para-psychique (dans notre corps), est fondée sur la connaissance des dons de nos premiers parents. Le don le plus grand que Dieu fit à Adam et Eve fut celui de la Sagesse. Il ne s’agit pas de la sagesse qui fait un grand architecte ou un grand homme politique mais de celle qui fait aimer Dieu comme son ami et rend simple la contemplation de sa présence. La Bible dit que Dieu s’entretenait familièrement avec Adam et Eve dans le jardin où il les avait placés. Comme ils aimaient Dieu, leur vie entière parlait de lui. Chaque animal qu’ils apprenaient à connaître leur faisait découvrir un peu plus la bonté de leur Ami. Ils n’avaient qu’à se recueillir un peu pour retrouver immédiatement la présence de leur Bien-Aimé au fond d’eux même. La contemplation mystique, d’une intensité à faire pâlir le plus saint des moines chrétiens actuels, leur était comme naturelle. Pourtant, Ce don n’avait rien de naturel: il s’agissait de la plus pure des grâces surnaturelles. Si déjà un séraphin resplendissant ne peut même pas, par ses simples forces naturelles désirer une simple amitié avec son Créateur, que dire quand il s’agit de la petite intelligence humaine?

            Mais Dieu n’a pas créé l’homme dans la misère morale où il se trouve actuellement. N’en déplaise à la science, l’Eglise s’oppose à sa conception qui nous décrit l’humanité passant, sur des milliers d’années de l’état de la brute à celui de sage. S’il y eut un véritable progrès pour ce qui concerne l’intelligence technique, il n’en est rien pour l’intelligence du cœur. Adam et Eve étaient des être, d’une limpidité comparable à celle de la Vierge Marie. Eve, tout comme Marie, fut immaculée dans sa conception. Peut-être son corps n’était-il pas exactement selon nos critères de beauté mais son âme, comme celle d’Adam, fut comblée de grâce. Il nous est presque impossible de comprendre la beauté intérieure d’Adam et Eve. Il faut pourtant tenter de le faire car la Bible et l’Eglise témoignent de l’existence en eux de facultés préternaturelles qui, même si elles semblent avoir disparu en partie après leur péché, n’en demeurent pas moins présente dans la nature humaine.

            Adam et Eve ne voyaient bien sûr pas Dieu face à face. Ils auraient été immédiatement enlevés au Ciel car nul ne peut voir Dieu sans mourir. Leurs contemplations se faisaient dans la nuit: ils connaissaient leur Dieu en découvrant ses oeuvres et ils vivaient du sentiment toujours nouveau de sa présence au fond d’eux-mêmes.

 

            Le deuxième don fait par Dieu à Adam et Eve fut l’amitié. La Bible emploi un symbole d’une grande profondeur pour montrer la grandeur de l’amour que le Créateur voulut entre eux: Eve fut façonnée avec la “ côte ” d’Adam, c’est-à-dire avec la partie la plus proche de son cœur. Cela signifie qu’Eve fut faite pour être collée au cœur d’Adam à la manière dont la côte est une avec le cœur. Adam, enthousiasmé, s’écria en voyant pour la première fois sa femme “ pour le corps, celle ci est la chair de ma chair, l’os de mes os ” (1).

            Mais si leur amour fut si pur, comparable à nul autre si ce n’est celui de Marie, la mère de Jésus, pour Joseph, c’est parce qu’ils étaient fondés en Dieu. Leur vie mystérieuse avec Dieu* était d’une telle profondeur qu’elle rayonnait dans tout leur être. Leur corps s’en trouvait perfectionné, dans des dons préternaturels qu’il nous faut décrire: On appelle don préternaturel une faculté vitale qui a sa source première dans la nature de l’être humain mais qui, malgré cela, ne peut s’exercer parfaitement que si l’âme est dans un état particulier: Elle doit être parfaitement elle même, c’est-à-dire entièrement maîtresse du corps à qui elle donne de vivre. L’âme, source de la vie de tout l’homme, ne doit être gênée par aucun obstacle. Son emprise étant totale sur le corps, elle peut alors en utiliser toutes les potentialités cachées. Les dons préternaturels ne sont donc pas des grâces surajoutées par la bonté de Dieu mais des facultés naturelles.

            Or Adam et Eve étaient dans cet état de perfection parce que leurs cœurs et leurs intelligences étaient entièrement fondues en Dieu, la paix en eux était totale. Cette paix envahissait leur âme qui à son tour unifiait leur corps. La source de leur perfection première ne venait pas d’eux-mêmes, à la manière des ascètes bouddhistes, mais de leur union à Dieu, offerte comme un cadeau au jour de leur Création.

            Les dons préternaturels étaient multiples et le plus grand d’entre eux s’appelait l’immortalité; mais il y en avait de nombreux autres que nous allons essayer de décrire.

            L’immortalité est donc le plus étonnant des dons fait à nos premiers parents. L’Eglise, bravant le sourire moqueur de la science, n’a pas hésité, par la voix de Paul VI, à mettre cette étonnante croyance dans le Credo de l’Eglise (2).

            Chacun sait pourtant, la science moderne semble l’avoir montré, que la mort est naturelle aux êtres vivants. Elle est inscrite dès leur naissance dans leurs gênes et la vieillesse n’est autre que la conséquence d’un ralentissement programmé des divisions cellulaires. Chaque espèce vivante à sa durée propre, que l’on peut allonger si l’on manipule le gène responsable de cette durée.

  

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(1) voir Genèse 2;

(2) Voir credo du pape Paul VI donné à l’Eglise en 1968.

 

Ce gène est en quelque sorte “ l’arbre de vie ” dont parle la Bible au chapitre 3 du livre de la Genèse. Adam et Eve n’étaient pas faits différemment de nous puisqu’ils nous ont communiqué leur nature humaine. Ces découvertes scientifiques peuvent donc nous permettre d’interpréter d’une manière plus profonde le dogme de leur immortalité. En agissant ainsi, nous ne faisons qu’imiter la méthode de saint Thomas qui n’hésita pas à utiliser la science de son époque.

            Deux hypothèses de recherche se présentent à moi: Celle qui prétendrait que le gène de la mort, présent en Adam et Eve était récessive, c’est-à-dire ne fonctionnait pas, permettant à leurs cellules une division sans cesse renouvelée, une éternelle jeunesse. Cette hypothèse théologique parait peu soutenable bien qu’elle soit séduisante. Une lecture littérale de certains passages de la Bible pourrait pourtant l’étayer. Dès le chapitre 6 du livre de la Genèse, on voit Dieu se décider, devant la méchanceté des hommes, à raccourcir leur vie: “ Que mon esprit ne soit pas indéfiniment humilié devant l’homme puisqu’il est chair. Sa vie ne sera que de 120 ans ” (1). Espérons que cette hypothèse n’est pas la bonne. Si le gène responsable du vieillissement de l’homme est la réalité symbolisée par ce que la Bible appelle l’arbre de vie, il se pourrait que l’audace de certains savants généticiens qui prétendent rallonger la durée terrestre de l’homme par leurs manipulations soit un “ tremblement apocalyptique ”. J’entends par là un de ces actes graves dont on ne comprend les conséquences que si l’on connaît les raisons qui poussèrent Dieu à rendre l’homme mortel (2).

            L’hypothèse la plus traditionnelle (3) me parait être celle ci: Adam et Eve étaient immortels en ce sens que Dieu ne les aurait pas laissé mourir, s’ils n’avaient pas péché. Leur vie aurait en tout point semblable à celle de la Vierge Marie: ils auraient certes vieilli (leurs cellules se seraient divisées moins vite !) mais la puissance de leur âme fortifiée par Dieu aurait protégé leur corps de toute maladie, de toute infirmité. S’ils n’avaient pas péché, Dieu les aurait laissés sur terre le temps qu’ils donnent vie à leurs enfants, qu’ils les aient éduqués. Puis il serait venu les chercher, il les aurait aspirés dans sa gloire, corps et âme, comme il le fit pour Marie au jour de l’Assomption. Jamais ils n’auraient connu la mort, ni eux ni leurs enfants. Jamais leur corps n’aurait connu la corruption car Dieu aurait devancé la faiblesse de la chair par sa puissance. L’immortalité d’Adam et Eve me semble donc être un phénomène préternaturel dû à leurs âmes unies à Dieu et non un phénomène d’ordre purement génétique (dû à leurs corps).

 

            Mais il existait en eux d’autres dons préternaturels qui peuvent être décrits en deux groupes distincts: L’harmonie totale de leur vie intérieure, de leur psychologie et l’harmonie totale de leur être avec l’univers.

            1) L’harmonie totale de leur vie intérieure: la Bible parle ainsi: “ Adam et Eve étaient nus et ils n’avaient pas honte ”. Cette petite phrase peut symboliser à elle seule la merveille de cette harmonie. Un homme normal quand il voit un splendide corps de femme, risque fort d’éprouver en lui, des bouffées de sensualité. “ Rien de plus naturel à cela ”, dira-t-on. Mais si pour une raison ou une autre, cet homme veut contrôler ou même arrêter ses pensées, il s’apercevra vite que ce n’est pas si facile. Il existe une logique de la chair qui, tel un cheval fougueux, renâcle à se soumettre à la volonté. C’est cette loi de la chair opposée à celle de l’esprit qui rend la consécration monastique héroïque et la fidélité conjugale parfois difficile. Elle fut absente totalement de la vie de nos premiers parents. Non seulement elle n’existait pas au plan sexuel mais elle était impossible dans tout autre domaine de leur vie. La raison en était encore en Dieu: la vie surnaturelle avait tellement envahi leur cœur, que leur âme s’en trouvait fortifiée pour tout harmoniser tout en eux. Dans notre vie de tous les jours, la plupart des blessures que nous infligeons aux autres viennent de cette faiblesse: un caractère coléreux aura beau prendre la ferme résolution de ne plus jamais s’énerver, il recommencera le lendemain, et une vie entière suffirait à peine pour contrôler entièrement cette tendance. Adam et Eve ne pouvaient pécher par faiblesse. Ils possédaient toutes les vertus d’une manière naturelle et innée. La Bible, pour nous le montrer, prend l’exemple significatif de la sexualité.

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(1) Genèse 6, 3;

(2) Genèse 3, 22 à 24;

(3) Voir Somme Théologique de saint Thomas.

Quand Adam voyait Eve, il la regardait comme son amie la plus chère et la beauté de son corps le ravissait. C’est l’amour qui dirigeait toute son attitude envers elle; Tout en eux, même le plaisir sexuel le plus intense aurait été simple.

            Après le péché originel, tout devint compliqué: les facultés animales en eux comme en nous prirent leur autonomie et cherchèrent leur bien propre. L’âme, séparée de Dieu perdit à jamais sa puissance d’unification. Adam vit en Eve non plus son épouse mais un objet pour son plaisir. Il en eut honte. Il expérimentait pour la première fois ce qu’est une sexualité qui ne s’intéresse qu’au plaisir.

            2) L’harmonie totale de leur être avec l’univers: ce don préternaturel est de la plus haute importance pour notre étude. L’Eglise affirme que leur âme unie à Dieu les harmonisait non seulement avec eux-mêmes mais avec tous le cosmos. Leur corps, doué d’une sensibilité exquise, était capable de vivre comme d’instinct avec ce monde fait exprès pour eux. La Bible parle peu de ce sujet mais ce qu’elle dit suffit pour ouvrir la voie à bien des recherches actuelles. La Bible se contente de décrire les rapports de l’homme avec les animaux: “ Dieu amena à l’homme toutes les bêtes sauvages et tous les oiseaux du ciel pour voir comment il les nommerait ” (1).

 

            Les animaux ne fuyaient donc pas, venant librement vers l’homme, comme subjugués par la présence de celui qu’ils ressentaient comme supérieur à eux. La capacité d’attirer les animaux représente un phénomène paranormal bien parfois constaté aujourd’hui, don que ne possèdent que des personnes extrêmement pacifiantes, presque maternelles.

            Mais l’univers n’est pas fait que d’animaux: il existe aussi les planètes, (ce qui pose la question de l’horoscope), les minéraux dont l’eau (ce qui doit nous interroger sur ce qu’est un sourcier), les plantes (qu’est ce qu’avoir la main fleurie?). Avant d’entrer dans l’analyse spécifique de chaque phénomène paranormal, il faut raconter le second drame de la création: le péché des hommes.

            Adam et Eve avaient donc été créés parfaits: leur intelligence avait reçu tout ce qui était nécessaire pour faire d’eux un homme et une femme. Ils connaissaient la possibilité du mal et ils savaient la révolte de Lucifer. Leur volonté était maîtresse parfaite de leur vie tout entière. Ils ne pouvaient faire le mal, ni par ignorance, ni par faiblesse. Ils ne pouvaient le faire que par choix.

            Dieu leur avait d’autre part révélé son projet secret sur eux. Sa parole Divine avait déjà raisonné plusieurs fois dans leur cœur. Ils savaient donc ce qu’ils devaient faire durant leur séjour sur terre: mettre au monde des enfants (2), pour qu’eux mêmes puissent vivre et connaître Dieu; Eduquer ces enfants pour en faire des hommes: en développant leur intelligence par la connaissance de l’univers (3), en développant leur efficacité par la transformation du monde (4), mais surtout en développant les capacités de leur cœur. Déjà â cette époque, en ce premier instant de la création de l’homme, le commandement de l’amour représentait le résumé de toute la volonté de Dieu. Saint Jean dit qu’aimer est le commandement le plus ancien, reçu dès le début(5). Adam et Eve vivaient de ce commandement, de tout leur être. Comme ils étaient les seuls habitants de la terre, comme leur bonté et leur limpidité irradiaient toute la nature qui les entourait, on peut dire sans mentir qu’ils vivaient dans un véritable “ paradis terrestre ”. Dieu vit ce monde qu’il venait de créer. C’était très bon ! (6).

            Pourtant, quelque part, tapis comme des lions prêts à bondir (7), Les anges révoltés guettaient. Ils méprisaient en silence ces deux créatures à leurs yeux ridicules qu’étaient l’homme et la femme: Ils s’indignaient de voir Dieu prendre tant de soin pour des êtres à l’intelligence limitée, au corps pesant; Ils tournaient et retournaient dans leur cœur ce qui, à leurs yeux, était un scandale.

 

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(1) Genèse 2,18;

(2) Genèse 1, 28;

(3) Genèse 2, l9;

(4) Genèse 1, 28;

(5) 1 Jean 2, 7;

(6) Genèse 1, 31; (7) I Pierre 5, 8.

Ils s’indignaient au souvenir de ce que Dieu avait jadis exigé d’eux, comme condition pour entrer dans la Vision face à face: servir les hommes, devenir leurs gardiens ! “ Quelle folie, quelle indignité ! proclamait Lucifer, montrons à quel point Dieu se trompe. Faisons le se repentir d’avoir créé ces êtres de chair, ces soi-disant chefs-d’œuvre. Quand il aura comprit, il se montrera à nous face à face, sans exiger aucune condition indigne de notre Noblesse (1).

            Le péché le plus grave de Lucifer se nomme la présomption. Il désirait voir Dieu face à face mais il prétendait obtenir ce bonheur sans accepter les conditions posées par lui. Il s’agit d’un péché contre l’Esprit Saint, grave entre tous. La conséquence en sa volonté s’appelait haine implacable pour l’homme et la femme qui étaient sans le savoir cause de sa chute; Son obsession unique se résumait ainsi: les détruire. Mais il ne pouvait rien contre l’homme et la femme qui étaient entièrement protégés par les légions d’anges fidèles. La seule liberté qui restait à Lucifer, c’était de leur parler comme de l’extérieur.

            Dieu devança auprès d’Adam et Eve toute action du Démon. Il leur parla ainsi: “ Tu peux manger de tous les arbres du jardin mais de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, tu ne mangeras pas car, le jour où tu en mangeras, tu mourras certainement ” (2).

            Nulle trace en cette parole d’un quelconque pommier. Son sens est au contraire parfaitement spirituel et Adam et Eve ne s’y trompèrent pas. L’arbre de la connaissance du bien et du mal représente l’orgueil intellectuel. Prise au sens propre, cette parole de Dieu peut être traduite ainsi: “ Tu peux tout expérimenter, tout connaître, tout essayer, tout faire sauf une chose: Je t’ai commandé de mettre l’amour au centre de ton âme. Je t’ai commandé de m’aimer moi, ton Créateur de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta force et d’aimer ta femme et les enfants qui naîtront de vous, comme toi-même. Si un jour, pour ton malheur, tu mets autre chose que cet amour au centre de ta vie, si tu appelles “ bien ” ce que moi j’ai appelé “ mal ”, si tu donnes à toi-même une nouvelle connaissance du bien et du mal, alors certainement tu détruiras ce que j’ai fait en toi, et cette destruction de ton cœur te conduira un jour à celle de ton corps. Tu mourras ”.

            Adam et Eve crurent en cette parole de Dieu, avec toute la confiance qu’ils éprouvaient pour lui. Peut-être ne prêtèrent-ils pas assez attention à la mise en garde tragique qu’elle contenait tant le monde leur paraissait paisible et sans danger, tant leur Dieu était bon.

            En ce premier instant de leur création, Adam et Eve se donnèrent entièrement à la joie de découvrir l’univers crée pour eux. Leur âme n’était qu’action de grâce envers leur Créateur. Tout aurait pu continuer ainsi, leur vie durant. Ils auraient mis au monde des enfants, de nombreux enfants qu’ils auraient éduqués, puis Dieu serait venu les chercher, il les aurait happés auprès de lui corps et âme, dans le bonheur éternel de son face à face. Il n’en fut pas ainsi. Il nous faut essayer de reconstituer, en nous appuyant sur le texte biblique, le second drame de la création qui amena, après la chute des anges, celle des hommes.

            “ Le serpent était le plus rusé etc. ”. Satan s’approcha d’eux, subtilement, et à la manière d’un serpent (3) qui se faufile, il se glissa auprès d’eux pour les tenter. Sa tactique fut parfaite car il sut mentir avec l’accent même de la vérité. Une question lui suffit pour connaître le commandement donné par Dieu à Eve: “ Alors, Dieu a dit que vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin ” Ce qui signifie en clair “ Alors Dieu vous a interdit de faire quoique ce soit sans permission? ”.

 

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(1) La Bible, pour exprimer cette colère de Lucifer le décrit comme un Dragon Rouge-feu (Apocalypse 12). Il s’agit d’une image pour exprimer l’action d’une intelligence calculatrice qui est prêtre à tout faire pour rétablir ce qui lui apparaît être le bien;

(2) Genèse 2, 16;

(3) Genèse 3, 1: Le serpent signifie symboliquement le démon. Voir à ce sujet les noms employés par l’Apocalypse au chapitre 12, 8 pour parler du démon: “... le dragon, l’antique serpent, le diable ou le Satan comme on l’appelle, le séducteur du monde entier... ”. Si la Bible utilise le symbolisme du serpent pour parler du démon, c’est parce qu’il est l’animal qu’on considère comme le plus rusé et le plus dangereux.

 

 

            Eve crut de son devoir de rétablir la vérité: “ mais non ! Dieu nous a permis de tout faire, sauf de nous déclarer maîtres de ce qui est bien et de ce qui est mal ”. Le démon sut alors que l’unique commandement donné par Dieu était celui-ci: “ aime et fais ce que tu veux ” (1). Il comprit qu’il ne pouvait tenter Eve que sur le péché d’orgueil, représenté par l’arbre de la connaissance du bien et du mal: “ Mais non pas du tout, il ne vous arrivera rien si vous mangez de cet arbre. Il ne vous arrivera au contraire que du bien: vous deviendrez intelligents et maîtres de votre vie. Vous deviendrez comme des Dieux qui font ce qu’ils veulent. Dieu a trop peur de perdre son pouvoir sur vous. C’est pour cela qu’il vous a menacé de mort ” (2).

            Cette parabole de Satan eut un effet immédiat sur le cœur d’Eve. Aimer est une chose certes bien belle mais qui implique d’être dépendant. Quelle apparence de liberté au contraire quand on devient le maître absolu de sa vie, quand il dépend de soi et de soi seul de faire ce qu’on veut. Eve, et à sa suite Adam, décidèrent donc de manger de cet arbre, c’est-à-dire de mettre comme bien suprême de leur vie, au-delà de leur amour propre pour Celui qui leur avait tout donné, l’amour de leur propre intelligence.

            Immédiatement, avec une brutalité qu’ils n’auraient jamais soupçonnée, ils “ moururent ”. Il ne s’agit pas là de la mort physique mais d’une mort bien plus grave: celle de leur cœur. L’amitié qu’ils avaient avec Dieu et qui illuminait toute leur vie fut brisée. Ils perdirent en eux le sentiment même de sa présence. La nuit s’abattit donc sur eux car ils avaient perdu la Lumière surnaturelle à qui ils devaient tout. Les conséquences d’un tel bouleversement ébranlèrent l’ordre parfait de leur nature. Leur corps, jusqu’ici parfaitement soumis à leur volonté, se révolta. “ Adam et Eve connurent qu’ils étaient nus ” (3). Adam regardant Eve, éprouva un sentiment de convoitise purement sexuelle et sa pureté tout juste perdue en eut honte. Face à l’attaque sordide de leur sexualité qu’il ne pouvait plus contrôler, ni mettre au service de l’amour, ils éprouvèrent le besoin de se vêtir. Puis ils découvrirent en eux la lâcheté: Adam accusa Eve d’être responsable de sa perte et Eve accusa Satan, incapables qu’ils étaient de reconnaître que, s’ils avaient été séduits, c’est eux seuls qui avaient décidé de pécher. Le don préternaturel qui les harmonisait avec la nature disparut à son tour et le monde jusqu’ici paradisiaque prit l’apparence pour eux d’un enfer. Les animaux se mirent à les fuir ou même à les menacer. Leur corps vivifié par une âme affaiblie ressentit le froid, la faim.

             En se voyant si faibles et si démunis, ils eurent peur. Dieu devint lui-même à leurs yeux un danger. Ils se mirent à le fuir, incapables de se souvenir de son immense amour, de cet amour qu’ils avaient pourtant expérimenté jadis. Il m’a semblé indispensable de rappeler cette histoire. Elle peut faire sourire certains tant il parait naïf de croire encore de nos jours à ce qui semble plutôt être une légende. Malgré cela, le Magistère de l’Eglise continue de l’enseigner, inlassablement. A ses yeux, on ne peut comprendre notre état actuel sans se référer à ce drame de l’origine, ce péché originel.

            L’Eglise, à la suite de Saint Paul enseigne une vérité beaucoup plus difficile à croire: “ Adam et Eve en choisissant d’être libres par rapport à Dieu, en se séparant de lui, se sont engagés POUR NOUS ”. Ils nous ont entraînés avec eux, en toute connaissance de cause. Saint Paul l’exprime ainsi “ Par un seul homme le péché est entré dans le monde et par le péché la mort, et ainsi la mort a passé en tous les hommes du fait que tous ont péché ” (4). Les conséquences d’une telle foi sont importantes pour comprendre l’actualité des phénomènes paranormaux: Dieu n’a pas rendu aux descendants d’Adam et Eve les dons surnaturels (la proximité de sa présence) et les dons préternaturels (immortalité, harmonie interne de leur être, harmonie externe avec l’univers). Les dons préternaturels n’existeront donc jamais plus avec la même intensité qu’en nos premiers parents. Par contre, il est probable qu’ils restent présents en germe dans notre nature humaine. Ils permettent donc certainement d’expliquer certaines facultés paranormales qui apparaissent parfois (5).

 

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(1) Voir Saint Augustin: aimé signifie pour lui ici l’amour de charité (Agape);

(2) Interprétation de Genèse 3, 5;

(3) Genèse 3, 7;

(4) Romains 5, 12; (5) Voir section 1: les phénomènes paranormaux qui trouvent leur explication dans la nature humaine page 30.

L’histoire de l’humanité dans son ensemble jusqu’à Abraham, n’est aux yeux de l’Eglise que la suite logique et lamentable de la faute originelle. Pendant des milliers d’années, Dieu laissa l’homme manger jusqu’au bout les fruits de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Dieu laissa l’homme libre de se diriger seul. Il n’imposa plus aucun commandement nouveau. Quand un homme le cherchait, Il lui répondait dans son silence qui est lumière. Mais très peu d’hommes eurent soif de lui. La Bible en cite quelques-uns: Enoch (3), Noë (4). La plupart des autres, la grande masse des autres vécurent de cette “ divine et dérisoire liberté ” promise par Satan: dérisoire liberté dont Freud, d’une manière exagérée, a montré les limites: liberté conditionnée, parfois déterminée par les instincts du corps, par les mouvements de l’entourage social; Liberté manipulée, affirme l’Eglise, par le rôle occulte des démons vainqueurs et triomphants qui, le jour de la chute d’Adam et Eve, reçurent un pouvoir direct sur leur corps, sur leur imagination, sur leurs passions (1).

            Il en résulta beaucoup de mal, jusqu’à aujourd’hui. Il s’agit heureusement d’un mal davantage provoqué par la faiblesse des passions et par la bêtise que par une réelle méchanceté. Peu d’hommes sont capables d’être réellement méchants tant la nature humaine est fragilisée. Le premier, Caïn, fils d’Adam tua son frère Abel, par jalousie, plongeant par la même occasion sa mère dans le chagrin. “ Tu enfanteras dans la douleur ” avait prédit Dieu. Puis l’humanité se pervertit de plus en plus malgré des renouveaux partiels de civilisation. La préhistoire aurait beaucoup à dire en ce domaine.

            Dieu aime l’homme, et toutes ses actions par rapport à lui ne se comprennent qu’à la lumière de son désir de lui donner le bonheur infini et parfait: “ vous me verrez face à face ”. Il n’existe donc aux yeux de Dieu qu’un seul mal absolu: c’est l’orgueil, “ l’arbre de la connaissance du bien et du mal ”. Ce mal en effet, est le seul capable, après sa mort, de plonger l’homme dans un choix éternel et terrible, celui de l’Enfer.

            Quand Dieu laisse à l’homme la liberté, c’est par amour pour lui parce qu’il le respecte. Cela reste un grand mystère, surtout quand cette liberté conduit au meurtre, au viol. Dieu se tait. La foi chrétienne parle d’une deuxième phase dans l’histoire de l’humanité: celle ou Dieu se remit à parler. Il commença avec Abraham et s’arrêta avec Jésus quand il se fit lui-même homme. La bonne nouvelle, l’Evangile se résume dans cette unique Parole, toujours la même “ Je vous aime. Si vous m’aimez et faites ce que je vous commande, vous me verrez face à face ”.

 

 

La nef des fous

 (1) Ce pouvoir est bien sûr limité par Dieu qui veille et ne permet les attaques du démon sur l’homme dans la seule mesure où elles peuvent servir à son bien. Les attaques sont principalement la tentation (qui passe par l’imagination et les passions) et la possession qui est une prise de pouvoir sur le corps.


 

[1] Genèse 1;

[2] C’est-à-dire des dons dont l’origine est dans la nature humaine elle-même, mais qui ne peuvent s’exercer pleinement sans l’aide de Dieu;

[3] Pour trouver les textes dogmatiques sur l’origine de l’homme, voir la foi catholique, textes doctrinaux du Magistère de l’Eglise, édition de l’Orante 1982 pages 162 et 16.