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Où l’on parle des anges, des démons et des esprits des morts           

CHAPITRE 10: La sorcellerie

 

            Habituellement, on distingue la magie blanche, qui ne cherche qu’une connaissance, de la magie noire, qui s’étend à de réels pouvoirs efficaces sur le monde. Dans ces deux catégories, la sorcellerie est définie comme une méthode où les démons sont explicitement invoqués. Le sorcier est donc un homme lucide de l’existence d’un pouvoir satanique, et il s’efforce de le contrôler en vue de ses intérêts.

            La sorcellerie est un phénomène qui reste d’actualité. On a tort de la réduire à une croyance moyenâgeuse. Des peuples entiers restent soumis à ces croyances. Les missionnaires chrétiens du XXe siècle rencontrèrent la sorcellerie depuis les confins du pôle Nord jusqu’à la pointe de l’Afrique, en passant par l’Amérique du Sud ou la Chine. Les marchands d’esclaves du XVIIIe siècle surent utiliser ce phénomène de société africaine. Il leur suffisait de séduire les sorciers, par quelques verroteries. Ceux-ci, appâtés par le gain, usaient de la peur qu’ils suscitaient par leur soi-disant maîtrise du monde des esprits. De cette manière, ils pouvaient livrer non seulement leurs ennemis, mais aussi leur propre peuple, entièrement soumis par la peur. J’ai pu constater comment, de nos jours, les élèves issus d’Afrique croient à la sorcellerie.

            L’Église catholique reconnaît la possibilité d’une pratique de la sorcellerie, de la même façon qu’elle croit à l’existence du démon. Elle condamne bien évidement cette pratique.

            L’initiation d’une personne à la sorcellerie peut se faire de plusieurs manières: Parfois la découverte est fortuite, à la suite d’une innocente pratique du spiritisme. D’autres fois la découverte se fait par des livres ou par un autre sorcier. Il est, en tous cas, étonnant combien facile est l’établissement d’un contact avec le démon. Un aumônier d’école catholique me rapporta cette parole frappante venue d’une élève: “ Dieu je n’y crois pas, mais je crois à Satan, parce que lui, au moins, il répond ! ”.

            Il est clair, en effet, que la plupart des manifestations divines se font dans le silence du coeur. “ Dieu n’était pas dans la tempête, Dieu n’était pas dans le tonnerre, mais Dieu était dans la brise légère ” (1). Le démon, au contraire, n’espère pas qu’on croit en lui dans le silence. Il s’adapte à l’homme, et se montre sensiblement (2). Il montre sa puissance, pour qu’à cette vue, l’homme croit en lui, et se lie à lui.

            La théologie de la sorcellerie a été amplement développée par les démonologues de l’Église. Mais, aussi curieux que cela paraisse, j’en ai trouvé toute la substance dans trois chansons du groupe TRUST (3), qu’il nous suffit de commenter. La lucidité de ces chansons est surprenante, et on se demande d’où leur vient une telle théologie.

            La première chanson s’intitule “ Le Pacte ”: elle décrit d’une manière très prenante la façon dont s’établit le contact:

            “ Tu m’as imploré, et me voici,

            Genoux à terre devant ton roi.

            J’ai daigné venir à toi,

            Car tu as fait le premier pas ”.

            Ces premiers vers nous indiquent que l’initiative ne peut venir que de l’homme. Le démon ne répond que si on l’appel (implicitement dans le spiritisme ou explicitement): 

Ton âme dépendra de moi.

Renonce à ton Dieu, à ta foi, à ses lois.

Verse ton sang et signe en bas.

Je te donne ma marque, si tu signes mon pacte ”.

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(1) I Roi 19, 12;

(2) Voir le chapitre sur les apparitions;

(3) Album du groupe TRUST, “ Le purgatoire ” de 1983.


 

            Quand un homme désire obtenir du démon des biens terrestre comme les plaisirs, la richesse, le pouvoir ou la gloire, certaines conditions sont préalablement imposées.

            Quand l’ange des ténèbres donne, il n’agit jamais gratuitement. Son intention première est toujours sous jacente: séparer l’homme de Dieu, détruire ce lien, pour manifester au créateur son erreur première (l). Les théologiens du Moyen-Age n’hésitaient pas à appeler un tel pacte une vente de son âme: vendre son âme au démon, c’est accepter de soumettre sa vie morale à ses commandements en échange de certains biens matériels.

            Le pacte dont il est fait mention, signé avec le sang, n’est pas qu’un symbole. Le démon aime de tels engagements signés, non par ce qu’il en a besoin, mais parce qu’il sait l’importance d’un acte palpable aux yeux des hommes. En agissant ainsi, il ne fait qu’imiter Dieu, quand il a instauré les sept sacrements (Baptême, confirmation, Pénitence, eucharistie, mariage, ordre, extrême onction). Son intention était de rendre les liens spirituels vraiment palpables, donc adaptés à notre mode habituel de connaissance.

            “ Je te suivais pas à pas,

            Plus rien ne te résistera.

            De ma main je vais te guider,

            De ta vie tu ne vas plus te soucier ”.

            Ces vers décrivent la contrepartie promise par Satan. Ces promesses ne sont pas vaines, loin de là. Rappelons le réel pouvoir de l’ange sur notre monde matériel. La proposition du démon résonne comme l’extrême inverse de cette parole de Jésus: “ Que sert à l’Homme de gagner l’univers s’il vient à perdre son âme ” (2). Le démon n’a t-il pas fait une promesse semblable à Jésus lors de la tentation dans le désert: Je te donnerai tout ce Pouvoir, et la gloire de ces royaumes, car elle m’a été livrée, et je la donne à qui je veux. Toi donc, si tu te prosternes devant moi, elle t’appartient tout entière (3).

            “ Chaque mot sonnait comme un ordre.

            Il s’était déplacé avec sa horde.

            Serments, propagande diabolique,

            Visages aux traits changeants sataniques.

            Mes yeux fiévreux luisant de cupidité,

            Son masque anéantit toute ma volonté.

            La foudre allait s’abattre sur la terre,

            Pour sceller le pacte et saluer Lucifer ”.

 

            La séduction du démon est très forte. Non seulement il se sert des désirs de celui à qui il s’adresse, et qu’il prétend pouvoir combler, mais il se rend lui~même beau, pour mieux attirer sa victime. Le sorcier, quand il signe le pacte qui le fait tel, est victime de sa cupidité et de la ruse du démon.

“ Sans remords je vais signer,

Respectueux de tes volontés,

La plus sordide des alliances.

Son savoir sera ma conscience;

Je te donne marque, si tu signes mon pacte ”.

 

            En exigeant en retour de la part de l’homme qu’il règle sa conscience sur son savoir, le démon obtient un pouvoir direct sur la vie de sa victime, qu’il va pouvoir diriger à sa guise.

            Il peut ainsi obtenir la perte de l’homme d ’une manière beaucoup plus puissante que par la simple pratique de la tentation.

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(1) Voir le chapitre consacré à la chute de Lucifer;

(2) Evangile de Saint Luc 9, 25;

(3) Evangile de Saint Luc 4, 5.

 

            “ Le Sabbat fut pour moi célébré.

            En l’honneur de mon acte et du sang versé.

            Je serai protégé sur 10 années,

            Je serai riche, célèbre, adulé.

            Mon maître dans toute sa bonté,

            De son souffle me l’a assuré,

            Sans au revoir ni adieux,

            Possesseur de mon âme de damné.

            J’ai signé, j’ai signé ”.

            Les démonologues confirment le caractère temporel du pacte. Les promesses du démon sont limitées ici à 10 ans de bonheur terrestre.

            Faut-il admettre qu’une fois le pacte signé, le sorcier est damné. La Théologie catholique s’oppose à cela (1): tant qu’un homme est sur la terre, il peut toujours revenir en arrière, et se repentir. Aux yeux de Dieu, un pacte de sorcellerie signé avec le sang n’a aucune valeur. Le démon le sait, et il va profiter des années de pouvoir dont il dispose sur l’âme pour l’entraîner dans une destruction totale.

            La deuxième chanson, intitulée “ La Luxure ”, décrit cela:

            “ Ton orgueil t’a aveuglé,

            Et t’a conduit vers ta destinée.

            Ton Dieu t’avait si pieusement édifié,

            Mais désormais tu te retrouvera damné.

            Tout ce que tu as, c’est à moi que tu le dois:

            Je t’offre la jouissance ici-bas.

            Moi, ton maître, je te démontre toute l’étendue de mon pouvoir, de mon savoir,

            Car tu as succombé aux mêmes tentations,

            Car humain tu es, la luxure est devenue ta passion ”.

            Le démon s’efforce de faire croire à son adepte qu’il est damné, qu’il n’y a plus d’espoir de retour en arrière après avoir signé. Dans le cas décrit par cette chanson, le message vise à conduire au désespoir spirituel, l’un des six péchés contre l’Esprit Saint (2). Le désespoir spirituel n’est pas un véritable désespoir spirituel mais plutôt un refus du pardon de Dieu, de sa miséricorde. C’est donc un choix volontaire et lucide, motivé par un trop grand amour de soi.

 

            “ Mon fanatisme et ma vigueur ont fait de toi un dépravé.

            Je me permets de te juger homme dépourvu de dignité.

            La luxure te provoque.

            La luxure t’a subjugué.

            Comme une diablesse aux traits de princesse,

            La luxure t’a subjugué.

            Et tu désirais de femmes, et pour toi.

            Et pour toi, je les ai courtisées.

            Puis, tu as voulu les posséder.

            Et tes fantasmes, je les ai réalisés.

            Ton désir de richesse chez toi a engendré

            Une sorte d’orgie, sans te soucier du prix.

            Puis, tu as obtenu la célébrité,

            En laissant au rancart tous tes préjugés ”.

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(1) Voir section 4, chapitre 3: “ la damnation ”;

(2) Voir somme théologique de Saint Thomas sur la foi IIa IIae, question 14, article 2.

 

            Le démon ne se contente pas de la simple tentation au désespoir spirituel. II sait qu’une telle tentation d’ordre intellectuel ne résisterait pas à la parole du moindre homme de Dieu s’exprimant sur l’Amour infini de Dieu. Il va donc s’efforcer de lier sa victime à des vices terrestres. Saint Jean montre qu’il existe trois convoitises principales, qui expliquent le péché dans le monde: “ Tout ce qui est dans le monde, s’appelle convoitise de la chair, convoitise des yeux, et orgueil de la vie (1).

            Saint Thomas explique qu’il s’agit respectivement du plaisir (qu’il soit sexuel dans la luxure ou autre), de la richesse, et de la gloire. Il n’y a plus à s’étonner que ce soient les trois biens offerts par le démon.

            Tout homme désire le plaisir, la richesse ou la gloire. Normalement, ils constituent des moyens pour mieux vivre sa vie de famille ou ses activités politiques. Ces biens peuvent cependant être élevés au rang d’absolu. Celui qui recherche le plaisir sensuel pour lui-même, sans se servir de l’Amour qu’il devrait signifier, risque fort de voir cette recherche prendre une place monstrueuse dans sa vie. L’Église explique ce phénomène psychologique par la notion de péché capital. Le péché capital est comme une tête (“ caput ” en latin) d’où nait un corps fait d’autres péchés multiples. La luxure, par exemple, dans sa recherche du plaisir sexuel, peut conduire à des exactions allant de la séduction trompeuse d’une femme au viol ou même au meurtre. Le péché capital tisse autour de la personne des liens qu’elle aura bien du mal à couper: celui qui aime l’argent n’estimera jamais en avoir assez; celui qui aime les plaisirs ne sera jamais satisfait. Poussés jusqu’au bout de leur logique, ces péchés peuvent mener une personne à une destruction totale. Un philosophe écrivait: “ L’homme a ceci de supérieur à l’animal, qu’il peut le dépasser en bestialité ”. Le démon, par sa conduite sur la vie du sorcier, et par sa facilité pour lui accorder ce qu’il désire, plonge sa victime dans les liens du vice de telle façon qu’il lui devient quasiment impossible de se libérer. Quand je dis quasiment impossible, c’est parce que la porte est toujours ouverte à la conversion. Le cas de Bob Dylan manifeste que rien n’est gagné par le démon tant que la mort et le jugement dernier n’ont pas consacré son oeuvre. La tentation principale reste donc celle du péché contre l’Esprit Saint, ce péché intellectuel, qui n’est pas pardonné car il refuse le pardon, d’où la fin de la chanson: “ Désormais, tu te retrouves damné ”.

            La troisième chanson a justement pour titre: “ Le jugement dernier ”:

            Je suis venu te chercher,

            Car notre pacte est enterré.

            Je me suis fait accompagner

             De la mort, pour t’emmener.

            Voici venu le jugement dernier.

            Humain rempli de vanité ”.

            Le démon peut-il décider lui même de la date de la mort d’un homme? Les théologiens sont divisés sur ce problème, car il est difficile d’admettre que Dieu laisse une aussi grande liberté au monde des Ténèbres.

            La Bible nous donne pourtant plusieurs exemples où le démon tue: Job perdit tous ses enfants dans un feu envoyé par le démon. Sarah perdit sept fois son mari, à cause de I’action d’Asmodée, “ Le pire des démons ” (2-3).

            La démonologie n’hésite pas à parler de la possibilité d’envoûtements conduisant à la mort.     En théorie, le démon a le pouvoir de tuer, puisqu’il a pouvoir sur le corps de l’homme. Mais, il ne peut exercer son pouvoir que si Dieu le lui permet. Cette permission est donnée dans deux cas: Quand la sainteté d’une personne est si grande que l’action du démon ne peut plus rien contre elle. La mort physique imposée par le démon ne peut que manifester un peu plus cette sainteté: Marthe Robin en est l’exemple le plus connu, elle qui resta 40 ans fidèle à Dieu sur un lit de grabataire, pour enfin terminer dans les violences de Satan.

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(1) Voir au sujet des convoitises la première épître de Saint Jean;

(2) Il est appelé le pire des démons car il s’attaque à l’amour conjugal, brisant les coeurs et les familles;

(3) Voir Tobie 3, 7.

Le deuxième cas est justement celui de la sorcellerie: celui qui s’unit au démon par un pacte, reçoit certes le pouvoir de faire ce qu’il veut, mais il devient aussi son esclave. Comme pour un esclave, le démon reçoit tout pouvoir sur la vie du sorcier, conformément aux termes du contrat qui l’unit à lui: (ici au bout de dix ans)

            “ A toi de me témoigner

            Ton sens de la fidélité:

            Ton maître t’ordonne de le suivre.

            Tu t’étais damné pour survivre.

            Inutile de faire marche arrière.

            Satan n’attend pas les prières ”.

 

            “ Je t’ai fait vivre comme un roi,

            Et tu trônais sans foi ni loi.

            Tu t’es vautré dans la luxure,

            Toi qui moisissais dans l’ordure

            Ton âme de damné va brûler

            Dans le brasier de l’éternité.

            Rien n’est comparable à l’Enfer.

            Tu étais heureux dans la misère ”.

            Ces derniers vers manifestent l’aboutissement final de tout le processus de la sorcellerie, pour celui qui la pratique. Lors du Jugement dernier, la séduction du démon prend d’autant plus de force qu’il ne fait que rappeler aux souvenirs du sorcier un pacte explicitement conclu. Le cas des sorciers est exceptionnel: Il est très rare, en effet, qu’un pécheur sache qu’il sert le démon quand il fait le mal. Il trouve donc habituellement des circonstances atténuantes, lors de son jugement final. Rien de tel pour le sorcier, qui est l’un des rares à faire le mal en sachant ce qu’il fait.

            Il nous reste à nous demander de quelle manière le démon donne son pouvoir au sorcier, et jusqu’où va ce pouvoir.

            On considère habituellement deux grands domaines où la sorcellerie produit ses effets: Le domaine du sorcier lui même, et celui des hommes qui l’approchent.

            En ce qui concerne son propre intérêt, le sorcier ne cherche évidemment qu’à se faire du bien. Il peut théoriquement obtenir de l’esprit avec qui il s’est lié tout ce qui est du domaine des biens matériels (plaisir, argent et gloire). Seuls les biens d’ordre spirituel sont inaccessibles à sa puissance: l’amitié dans ce qu’elle a de plus pur, et la connaissance intime de Dieu. La Bible affirme: “ Qui offrirait toutes les richesses de sa maison pour acheter l’amour ne recueillerait que mépris ” (1).             L’amour d’amitié ne doit pas, en effet, être confondu avec ces formes inférieures d’amour, qui sont fondées sur la séduction, sur le plaisir ou sur l’intérêt matériel. De telles amitiés sont au pouvoir du démon, mais elles ne sont que des apparences d’amitié. Par contre, le démon peut transformer celui qui l’implore, en un artiste extraordinaire, soit en lui communiquant l’exaltation sensible, qui fonde l’inspiration, soit en lui dictant des oeuvres d’art. Le Père Regimbal n’hésite pas à attribuer au démon la paternité de certaines oeuvres musicales modernes de premier ordre (1).

            Le démon peut aussi communiquer la science, qu’il maîtrise parfaitement, concernant le monde matériel, faisant de celui qu’il sert une sommité scientifique.

 

 (1) Voir le livre du Père Regimbal: “ le Rock’n’Roll et les messages subliminaux ”.

            Mais l’action du sorcier peut s’exercer sur des domaines bien plus vastes que ceux de son intérêt personnel, aussi bien pour faire le bien (un bien matériel) que le mal. Dans le métro parisien, il n’est pas rare de trouver des cartes ainsi formulées: Grand sorcier, marabout africain, diplômé en parapsychologie, pouvoirs illimités: retours d’affection, santé, argent, recherche de personnes disparues, examens, soucis professionnels. Paiement après résultat ”.

            Au-delà du charlatanisme visible là-dessous, il faut affirmer la possibilité théorique de tels pouvoirs chez un véritable sorcier.

            Le retour d’affection est un des phénomènes possibles. Un homme me racontait l’expérience faite par lui 10 ans plus tôt: sa femme le délectait, et il en souffrait beaucoup. Il décida donc de s’adresser à un de ces sorciers, qui lui donna (moyennant paiement) une amulette à glisser sous le lit conjugal. Il eut la surprise de voir sa femme changer radicalement, du jour au lendemain. Il en fût même effrayé, au point qu’il décida de détruire l’amulette. “ Elle n’était plus elle-même ”, me confia-t-il.

            Un tel phénomène s’explique non par l’amulette, mais par l’action du démon. L’amulette n’est, à ses yeux, qu’un signe de la volonté du sorcier, avec qui il s’est lié (rappelons que le démon aime singer les sacrements chrétiens). Toujours est-il que son pouvoir sur le corps humain lui permet d’y développer artificiellement un phénomène qui ressemble à l’amour. Dans le cas présent, deux manières sont possibles: celle qui consiste à rendre l’homme à ce point séduisant qu’il paraît être différent aux yeux de sa femme; Celle qui consiste à exacerber dans la femme une passion inhabituelle. Dans les deux cas, il n’y a qu’apparence de retour d’affection, du moins si on considère l’affection comme une propriété de l’amitié.

            En ce qui concerne la santé, le démon possède aussi un pouvoir, mais celui ci n’est pas illimité: il ne peut agir qu’en se servant des lois du corps humain, qu’il active par l’apport de son énergie. Il peut donc détruire une infection microbienne, toutes choses que l’homme lui même peut réaliser par la médecine. Mais, il ne peut faire repousser un bras, ressusciter un mort, rendre la vue à un oeil aveugle, faire marcher un paraplégique, toutes choses qui dépassent les lois naturelles du corps humain (l).

 

            En ce qui concerne la richesse, le démon peut théoriquement l’apporter en prenant l’argent là où il se trouve. Habituellement pourtant, cela ne se passe pas ainsi. Il est trop sensé pour ne pas se servir de la cupidité des gens à ses fins. Il est tellement facile d’amener l’homme à pécher quand il s’agit de la recherche de la richesse. Il prodigue donc des conseils, et son action s’arrête là, tant que l’intéressé ne désire pas s’engager plus loin à son service.

 

            Peut-on arriver à connaître les numéros gagnants du loto par la sorcellerie? Non, car il s’agit d’un jeu de hasard qui échappe à toute prédiction. Il est d’autre par très difficile pour un sorcier de provoquer le démon à faire sortir les numéros désirés, tant le nombre de sorciers qui s’essayent à ce jeu est important: leurs efforts se contrarient !

            La recherche des personnes disparues entre aussi dans le domaine du possible. Il est bien évident que le démon connaît le lieu et l’état de chacun des êtres humains qu’il pénètre de son regard aigu.

            Les sujets d’examens peuvent être donnés à partir de l’instant ou ils ont été décidés par les autorités. L’ange rebelle se contente de les lire !

            On pourrait décrire encore bien des phénomènes que la sorcellerie rend possible. On comprend la séduction que peuvent exercer de telles merveilles chez ceux qui ne s’intéressent pas à la vie éternelle, à l’amour de Dieu, à la mort de Jésus sur la croix. Il faut se rappeler pourtant que la fréquentation d’un tel pouvoir a toujours des conséquences sur la vie surnaturelle, qu’elle finit toujours par détruire.

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(1) Voir le chapitre consacré aux miracles.

            Le sorcier peut aussi se servir de son pouvoir pour faire le mal, que ce soit sur la demande d’un client ou par vindicte personnelle. De telles pratiques sont fréquentes. Le démon exige souvent, en échange de ces services certains rite qu’on croirait sortis de liturgies religieuses, à la différentes près qu’ils lui sont adressés au lieu de l’être à Dieu. Les messes noires singent le sacrement de l’Eucharistie et peuvent être accompagnées de fausses consécrations d’hosties ou de profanation de vraies hosties. Les sacrifices d’animaux singent les rites juifs du sabbat ou de la Pâque, où l’on offrait des brebis ou des taureaux à Yahvé. Les pratiques du vaudou ou de certaines sectes sataniques sud-américaines vont parfois jusqu’au sacrifice humain. De nombreux cas concernant de belles horreurs ont défrayé les journaux ces dernières années. En se faisant offrir un culte comme à un Dieu, le démon plonge ses adeptes un peu plus dans le blasphème et dans les pires aberrations morales.

            Le pouvoir du démon pour faire le mal peut aller jusqu’an meurtre (envoûtement de mort vaudou) s’il n’est pas arrêté par la puissance de Dieu et de ses anges. Certaines maladies, au témoignage de l’Evangile, tout en paraissant naturelles, ont une origine satanique. Les exorcistes constatent des cas d’obsession ou de possession, dont l’origine est la même (l).

            De tout ce qui précède, il ressort qu’il est aberrant et dangereux non seulement pour sa santé, mais pour sa foi, de fréquenter un sorcier, pour obtenir un résultat, même positif. Toute personne qui invoque les esprits doit susciter la méfiance, et être fuie par les chrétiens. Participer, même par simple curiosité à une telle pratique, c’est devenir en quelque sort complice du sorcier, et cela revient à se livrer à la puissance des esprits invoqués.

 

            Fallait-il brûler les sorcières? L’Histoire de l’Église regorge de ces faits. La plus connue des sorcières brûlées fut, il faut s’en souvenir, Sainte Jeanne-d’Arc elle-même. Si l’on exclut ces cas dramatiques, où la politique passait avant la Théologie, il reste qu’il y a eu de véritables cas de sorcellerie, qui ont abouti à la condamnation à mort du coupable. Fallait-il agir ainsi? L’Église se devait elle de livrer au bras séculier ceux dont on pouvait prouver qu’ils avaient fait un pacte avec le démon?

            S’il s’agissait de punir une personne coupable par ses sortilèges du malheur ou de la mort, la question reste ouverte, et elle revient à se demander la légitimité de la peine de mort.

            Mais, s’il s’agissait d’arrêter par ce moyen l’influence du démon, c’était une erreur grave de la part des inquisiteurs. Dieu a donné à son Église, pour lutter coutre le démon, un glaive spirituel autrement redoutable que le glaive matériel: “ Je vous donne le pouvoir sur les esprits du malin, disait Jésus à ses disciples.

            Les missionnaires ont expérimenté partout la vérité de cette parole. Quand ils arrivaient dans un village pour y planter la croix, le sorcier perdait immédiatement son pouvoir. Quand Saint Paul, dans une de ses missions, fut poursuivi par une possédée, qui criait sans cesse: “ Ces gens-là sont les serviteurs du Dieu Très-Haut ”, il n’eut qu’à prononcer une parole, pour chasser le démon à jamais de son corps. L’ange du mal ne peut rien devant Dieu et ses anges. Rappelons que le Chérubin Lucifer fut battu par la parole d’un simple archange (2). Mais cet archange était avec Dieu.

            L’Église dispose contre la puissance formidable du démon à travers les sorciers, d’armes telles que la prière, les sacrements et les sacramentaux. La prière, quand elle est humble et confiante, met de notre côté Dieu et ses anges. Si Dieu est avec nous, qui sera contre nous? Qui donc, en effet, peut être comparé à Dieu?

            Cette prière doit être humble, car il n’est rien qui mette davantage en fuite l’Ange rebelle qui, s’étant révolté par orgueil, n’a jamais pu s’humilier devant Dieu. Celui qui reconnaît son impuissance à triompher sans son secours, déconcerte les plans de l’Ange. Cette prière doit être confiante, car Dieu ne peut manquer d’y répondre. Il est bon aussi d’invoquer Saint Michel qui, ayant infligé au démon une éclatante défaite, sera heureux de compléter sa victoire en nous et par nous. De même, notre ange gardien a pour mission particulière de nous protéger contre toutes ces attaques.

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(1) Voir le chapitre XI sur l’exorciste;

(2) Rappelons qu’aux yeux des pères de l’Église, l’ordre des Archanges est l’un des moins puissants. Il fait partie de la hiérarchie inférieure. Pour le combat des anges, voir l’Apocalypse au chapitre 12.

            Le second moyen, c’est l’usage confiant des sacrements. La confession étant un acte d’humilité, elle met en fuite le démon. L’absolution qui la suit nous donne le pardon de Dieu, et nous communique une grâce capable de nous rendre invulnérables. Quant à la Communion, en mettant dans notre coeur Dieu lui-même, elle fait de nous une forteresse imprenable. Le rituel catholique conseille aussi le jeûne, les aumônes. Plus on est pur et donné à l’amour, moins le démon a de prise sur nous.

            L’église dispose aussi d’armes terribles telles que le signe de la croix, l’eau bénite, le Notre Père... Elle appelle ces choses ou ces gestes des sacramentaux. Ils se distinguent des sacrements parce que ces derniers agissent indépendamment de la foi de celui qui les célèbre: que le prêtre soit croyant ou non, quand il prononce les paroles de la consécration à la messe, il réalise le grand miracle de l’eucharistie: Le pain devient le corps de Jésus.

            Les sacramentaux sont incroyablement nombreux, puisque chaque objet religieux, chaque pensée religieuse en fait partie. Les plus connus des fidèles sont actuellement ceux que la Vierge a donnés dans ses diverses apparitions modernes: Les médailles de la rue du Bac, l’eau de Lourdes, le chapelet...

            Les petits sacramentaux suffisent pour chasser le démon. Leur redoutable efficacité vient en effet de Dieu. Ces objets ont en commun de symboliser Sa présence. Il est évident qu’ils ne peuvent agir par eux-mêmes. Une médaille miraculeuse, aussi belle ou bénie soit elle, est incapable, par sa propre puissance d’éloigner l’ange des ténèbres. En aucun cas, les sacramentaux de l’Église ne doivent être utilisés à la manière des gris-gris animistes. Ce serait de la superstition. C’est Dieu qui agit à travers eux ou plutôt à travers la foi de celui qui s’en sert. Dieu ne résiste jamais à la foi, quand il la trouve dans un cœur. Connaissant notre tendance à exprimer nos sentiments dans de petits signes, il s’est adapté à nous en instituant ou en laissant instituer par l’Église les sacramentaux. Celui qui exprime sa foi par un signe de croix est comparable, aux yeux de Dieu, à celui qui exprime son amour en offrant des fleurs à sa bien aimée.

             Il est étonnant de voir combien la simple présence d’un sacramental dans une maison rend la puissance des sorciers impossible sur les habitants de ce lieu. Les pays africains regorgent de récit de ce genre. Que la puissance de l’ange Lucifer soit arrêtée par une simple aspersion d’eau bénite accompagnée de la foi, c’est la réalisation de cette prophétie de Dieu au début de la Genèse: “ Il t’écrasera la tête ” (1). L’orgueil Luciférien est vaincu par un bien petit signe de l’Église.

 (1) Genèse 3, 15.

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